L'affaire "88": Suspense au temps du Mur de Berlin

"L'AFFAIRE 88", ça débute de manière presque banale… Sauf que rien ne le sera dans ce récit singulier et captivant ! Ed Nouce s’aventure avec brio dans l’univers du roman d’ESPIONNAGE tout en restant fidèle à son univers poétique qui se conjugue à une grande rigueur dans le traitement des éléments historiques structurant l’intrigue. Bruxelles, été 1973. Une jeune fille s’apprête à rentrer chez elle en Rhénanie palatine pour les vacances d’été, mais elle surprend une conversation qui lui fait craindre le pire pour la santé voire la vie même de son père. C’est le point de départ simplissime d’un suspense qui ne laissera plus AUCUN RÉPIT au lecteur. Face à la perspective de la mort prochaine, la sienne propre ou celle d’un être aimé, chacun révèle les recoins les plus intimes de son cœur et parfois de son âme… La deuxième partie du roman nous transporte l’année suivante (mai 1974) à BERLIN-OUEST, la vitrine capitaliste, où le chancelier Willy Brandt vient d’être contraint de démissionner à la suite de l’affaire Guillaume. Mais nous irons tout aussi souvent à BERLIN-EST la communiste, au temps d’Erich Honecker et du règne de la sinistre STASI, sous le constant regard du Grand frère SOVIÉTIQUE. Dans ce décor historique de Guerre froide, le MUR est omniprésent et nous le traverserons plusieurs fois. Filatures, disparitions, traques, autopsies, interrogatoires, rien ne nous sera épargné… Ce roman profond et beau est le quatrième tome de la saga familiale d’Ed Nouce, LA VIE NOUS REVIENT DE L’AURORE. Mais rassurez-vous, aucun besoin d’avoir lu les livres précédents pour goûter ce récit haletant et s’attacher aux personnages ! Les fidèles lecteurs d’Ed Nouce, eux, retrouveront la famille Kuhn et l’ami Smoke-Finch dans les rôles principaux. Ajoutons qu’au moins un héros inédit fait son entrée remarquée dans la seconde partie. Et comme toujours, l’auteur s’intéresse aussi et peut-être même d’abord au MYSTÈRE ou à la FAILLE qui est au centre de l’âme humaine. Dans ce registre, impossible de ne pas saluer de façon toute particulière les touches en clair-obscur apportées au portrait de MANFRED KUHN, l’ancien colonel de l’Abwehr, personnage complexe, tout en retenue, en introversion et en ambiguïté, décidément inoubliable… Hélène confirme la lumière qui émane d’elle depuis le premier roman, et les jeunes, Markus, Wilhelm et Téri, affirment leurs tempéraments. Avec sans doute une mention spéciale à Wilhelm, saisissant dans la confrontation avec son père… Quant au Britannique Horace Smoke-Finch, septuagénaire, mais toujours dans le coup, il conserve son humour comme son panache.