Les Soldats de Salamine

Auteur : Javier Cercas
Editeur : Le Livre de Poche

Le 22 janvier 1939, l'écrivain Rafael Sànchez Mazas, un des idéologues fondateurs de la Phalange, échappe au peloton d'exécution des troupes républicaines en déroute qui fuient vers la frontière française. Un soldat le découvre caché derrière des buissons et le pointe de son fusil. Il le regarde longuement dans les yeux avant de crier "Par ici, il n'y a personne!".
Soixante ans plus tard, le narrateur, un journaliste, prépare un article sur la mort du poète républicain en exil, Antonio Machado, survenue à la même date, de l'autre côté des Pyrénées. La symétrie des événements le trouble; comme s'il y avait là un mystère à percer qui permette de comprendre les fondements de cette guerre fratricide. Il entreprend de rechercher les acteurs, pour transformer cette histoire en roman, l'Histoire en fiction. Le corpus rassemblé lui permet de présenter une biographie du personnage, qui pourrait expliquer comment une poignée d'hommes cultivés et raffinés a pu entraîner son pays dans une furieuse orgie de sang. Le manuscrit est prêt mais décevant car il manque de véritable perspective. Au cours d'une entrevue avec l'écrivain chilien Roberto Bolano, lui-même exilé et témoin direct de la défaite de la démocratie dans son pays, surgit la figure providentielle d'un vieux soldat, Miralles, qui incarne la bravoure absolue et qui, à la faveur de l'évocation d'un anodin pasodoble , pourrait être le soldat héroïque.

Dans sa maison de retraite à Dijon, le vieillard raconte ses souvenirs de guerre: les camps d'Argelès, la Légion étrangère et huit années de lutte sans relâche à travers l'Afrique et l'Europe contre la barbarie fasciste. Est-il le soldat héroïque ? L'homme refuse de répondre car il ne veut incarner seul le courage d'une poignée de soldats anonymes. Donnant à entendre à quel point l'identité du soldat inconnu relève de la simple anecdote historique, le récit pointe alors l'essentiel : il n'y a pas de héros vivants et les actes de bravoure ne se racontent pas. Il nous incombe "seulement" de ne pas oublier cette poignée d'hommes qui ont su par instinct, en des circonstances extrêmes, privilégier la force d'âme, ne jamais oublier, comme l'a dit Oswald Spengler, que c'est toujours un peloton de soldats qui, au dernier moment, sauve la civilisation.

7,10 €
Parution : Juin 2005
Format: Poche
282 pages
ISBN : 978-2-2531-1356-0
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