TIREURS D ELITE

Auteur : JEAN-PAUL BRIGHELLI
Editeur : Plon

Il est de bon ton de médire des grandes écoles, refuges archaïques d'un élitisme dépassé, mal adaptées aux élèves d'aujourd'hui, socialement discriminantes et concurrentes déloyales des universités.
Les "prépas" et les grandes écoles (mais que faut-il exactement entendre par ce terme ?) sont-elles la preuve que Bourdieu avait raison lorsqu'il accusait l'Ecole d'être seulement reproductrice des clivages sociaux ? Les grandes écoles sont-elles la pierre de touche d'un "ascenseur social" déficient ? Ou le dernier recours d'une République en semi-faillite ?
Fausses questions. Le mal vient de plus loin. Depuis trente ans, tout le système scolaire a à coeur d'égaliser, si possible par le bas, de décourager les bons élèves, sans pour autant apporter quoi que ce soit aux élèves en difficulté, bref, de détruire le modèle républicain qui a permis de dégager des élites depuis un ou deux siècles. Dans un système à la dérive, les grandes écoles, et les voies d'excellence qui y mènent, sont le dernier pôle de réussite.
Qu'il faille aménager les voies qui y conduisent est une évidence. Qu'il faille insuffler à des élèves de lycée, et surtout aux plus défavorisés, l'envie d'oser les prépas, cela va de soi. C'est une hypothèse de travail plus féconde, en tout cas, pour renouveler les cadres, que la charité au compte-goutte version Sciences Po Paris, le dénigrement des grandes écoles façon Alain Minc ou la discrimination positive à la manière de Yazid Sabeg. Un renouveau des grandes écoles permettrait peut-être de sauver la peau de la République.
Leur élimination, c'est la porte ouverte aux modes de sélection les moins avouables, qui surnagent le mieux en temps de crise, non la compétence, mais le piston, la reproduction à l'identique. C'est ouvrir la voie, à terme, aux rancoeurs les plus dangereuses.

18,50 €
Parution : Septembre 2010
233 pages
ISBN : 978-2-2592-1262-5
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