1884, des syndicats pour la République

Auteur : Stéphane Sirot
Editeur : Editions Le Bord de l'eau

En ce début de XXIe siècle, le syndicalisme est invité à s'en tenir à la fonction de partenaire d'un dialogue social que le pouvoir politique promet de constitutionnaliser. Ce faisant, il est convié à s'éloigner de la pratique conflictuelle, à cogérer le champ social et à se garder d'intervenir dans le champ politique, en renonçant à l'élaboration d'un contre-projet de société.
Autrement dit, il pourrait être en passe de tourner le dos au modèle syndical français, fondé sur le recours à la grève et une forte immixtion dans la vie de la cité. Ces tendances du temps présent n'exhaussent-elles pas enfin les voeux des parlementaires de la IIIe République ? En mars 1884, lorsqu'ils votent la loi légalisant le fait syndical, premier pas vers la liberté d'association, ils tracent en quelque sorte la feuille de route de ce que doit devenir l'organisation du salariat aux yeux de l'univers dominant. Les longs et riches débats au verbe sans masque qui opposent les élus réticents à l'octroi de cette liberté à ceux qui la soutiennent avec ardeur sont étonnamment instructifs. A un moment où la forme syndicale est encore incertaine, ils contribuent à lui donner une orientation, à tracer son champ d'intervention et ses frontières. Le syndicat doit devenir un régulateur capable de tempérer les ardeurs du monde du travail, l'outil d'un dialogue social pacifié et un défenseur corporatiste des intérêts particuliers, soigneusement tenu à l'écart du politique. Mais les premiers militants ouvriers n'entendent pas se laisser enfermer si aisément dans ces cadres établis. Et dès lors, le syndicalisme français est en permanence soumis à une tension entre sa dimension de mouvement social contestataire et son offi ce d'administrateur du monde tel qu'il est.

8,00 €
Parution : Avril 2014
112 pages
ISBN : 978-2-3568-7304-0
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