Je tape la manche: Une vie dans la rue

Auteur(s) : Jean-Marie Roughol, Jean-Louis Debré
Editeur : Calmann-Lévy

« L'homme est ce qu'il cache, et derrière chacun d'entre nous, il y a toujours une histoire, un parcours de vie, il m'intéressait de connaître les siens. » J.-L. Debré.
Un soir, devant le Drugstore des Champs-Élysées, un clochard s'est approché d'un cycliste et, avec un sourire un brin gouailleur, lui a proposé de surveiller son vélo. Le cycliste était Jean-Louis Debré, et cette rencontre a certainement été l'une des plus bouleversantes de son existence.
Jean-Marie Roughol a passé plus de vingt ans de sa vie dans la rue. Au moment où il offre ses services à Jean-Louis Debré, l'homme « tape la manche » autrement dit, mendie dans le quartier. De rencontres fortuites en conversations poussées, au fil des semaines puis des mois, se tisse entre le mendiant et le président du Conseil constitutionnel une singulière relation de confiance. Au point que, sur les suggestions et avec l'aide de Jean-Louis Debré, le sans-abri accepte de lui écrire son histoire.

C'est un témoignage sans fard raconté à la première personne et sans complaisance que livre ce « Môme de la cloche » de 47 ans. Depuis sa prime enfance dans le XIXe arrondissement jusqu'aux trottoirs de la très chic rue Marbeuf, Jean-Marie Roughol déroule : la mère absente et trop tôt disparue, le père alcoolique, les familles d'accueil, les mauvais traitements, les premiers jeux, les premières « tapes », les rencontres providentielles et celles qui le furent moins, les amitiés, les amours et les enfants abandonnés ou quittés...
Avec lui, on déambule de squats en bouches de métro, de parcs en chambres d'hôtel miteuses ; une plongée dans le quotidien âpre des marges, parmi les êtres humains qu'on choisit le plus souvent de ne pas voir, au coeur de la violence, de la peur, du dénuement mais également de la débrouille, de la solidarité et des copains... Jean-Marie raconte aussi l'univers de la mendicité. « Taquiner » ou « attendre le pèlerin » s'apparente à un véritable métier qui s'exerce sur un marché dicté par ses propres lois, sa concurrence... où il faut savoir conquérir et protéger son territoire. Si le mendiant dépeint un monde dur, terrible et en pleine mutation, il reconnaît que « le jour, où [il n'aura] plus la force et [qu'il devra] abandonner la rue, elle [lui] manquera, c'est certain ». Même si, aujourd'hui, il avoue ne rêver que d'une chose : ouvrir sa propre crêperie.

16,50 €
Parution : Octobre 2015
176 pages
ISBN : 978-2-7021-5900-2
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