S'autodétruire et les enfants

Auteur : Nicolas Bouyssi
Editeur : P.O.L

Un narrateur évoque ici les huit années qui ont précédé sa naissance, et comment ses parents en sont venus à vivre dans un climat d’hostilité permanente. Un narrateur qui ne parlera à la première personne, ne dira « je » qu’à l’évocation de sa naissance, dans les dernières lignes du livre, afin, entre autres, de laisser entendre que le passé de ses parents l’envoûte et le possède tellement qu’il a encore du mal, une trentaine d’années plus tard, à se constituer comme sujet.

À l’origine, Nicolas Bouyssi voulait écrire un texte autobiographique mêlant ses souvenirs à ceux de ses parents. Le projet a dérivé, et les éléments et les motifs dont il se souvient, qui appartiennent à son passé, ou qui lui sont arrivés lors de l’écriture du livre, ont été non seulement transformés (travaillés au sens psychanalytique du terme : on privilégie le sens sur le fait), mais placés dans un avenir plus ou moins lointain. C’était d’abord un moyen de convertir le réel en fiction, ensuite de transformer une série de souvenirs choquants en fantasmes (tout cela a-t-il été vécu ?), et surtout une façon implicite de dire que toute vie, par sa dureté inattendue, est à certains égards proche de la science-fiction ou du film d’horreur. Ainsi, le père se comporte de bout en bout du texte comme un zombie, et lui et sa femme habitent avec leur fille dans une structure qui n’existe pas quoiqu’elle s’inspire de grands complexes commerciaux construits aux États-Unis, à Shanghai, ou à Dubaï, et de ce que plus généralement on nomme les « gated communities ».

Ce couple avait tout pour s’aimer follement, il s’est autodétruit chaque fois que marges de liberté et conditions de vie se sont dégradées : emplois stupides, lieux de vie minables, divertissements mercantiles, frustration, paupérisation, incompréhension mutuelle par manque de temps ou manque d’espace...

17,25 €
Parution : Février 2011
272 pages
ISBN : 978-2-8180-1322-9
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