Militants de l'utopie ?

Les fouriéristes dans la seconde moitié du XIXe siècle
Auteur : Bernard Desmars
Editeur : Les Presses du réel

Un essai sur le devenir concret d'une pensée « utopique » dans l'histoire, au travers des prolongements intellectuels et des tentatives d'application sociale de l'idéal harmonien de Charles Fourier, en même temps qu'un essai sur le devenir du militantisme lui-même : l'histoire du mouvement fouriériste depuis 1850, les formes de l'action militante au sein de l'École sociétaire, les différentes projets d'organisation sociétaire et phalanstérienne, le rôle des militants fouriéristes dans les nombreux mouvements sociaux et politiques dans lesquels ils s'investissent (économie sociale, pacifisme, féminisme, éducation populaire, combat pour la République...) et les conséquences que ces engagements peuvent avoir en retour sur leur militantisme sociétaire et dans leur vie personnelle.
La réalisation du bonheur sur terre, telle est la promesse formulée par Charles Fourier dans la première moitié du XIXe siècle. L'espoir de voir advenir ce « nouveau monde » a séduit dans les années 1840 plusieurs milliers de militants, confiants dans la possibilité de transformer la société de façon à la fois pacifique et radicale. En 1848, ils comptent sur l'avènement de la Seconde République pour établir un socialisme coopératif ; puis, la République suivant une orientation plus conservatrice avant d'être renversée par Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, ils reportent leurs espérances sur la création d'une communauté au Texas, cependant dissoute en 1857 après environ deux années d'existence. Cet échec, qui succède à plusieurs autres, confirme aux yeux de maints observateurs le caractère utopique du projet phalanstérien. Pourtant, malgré ces déconvenues, des disciples persistent dans leur adhésion aux idées de Fourier et dans leur engagement pour changer les conditions de vie de leurs contemporains. C'est l'histoire collective de ces militants dans la seconde moitié du XIXe siècle, qui est présentée dans cet ouvrage. Qui sont-ils ? Comment s'organisent-ils pour diffuser leur idéal et conquérir de nouveaux partisans ?
Les fouriéristes ont, malgré les échecs enregistrés, continué à élaborer de nouveaux projets d'association et de communauté, des années 1850 aux années 1880 ; ils en concrétisé plusieurs : à Condé-sur-Vesgre (près de Rambouillet), à Vienne (Isère) ou à Saint-Denis-du-Sig (en Algérie). A Ry (près de Rouen), un médecin a fondé un établissement éducatif où les principes fouriéristes se traduisent en innovations pédagogiques.
Les disciples de Fourier ont aussi largement participé à de nombreux mouvements sociaux (l'économie sociale, l'éducation populaire, le féminisme, le pacifisme) et se sont investis dans le champ politique. Comment parviennent-ils à traduire leur ambition radicale d'une société alternative dans ces engagements aux apparences plus humbles ou plus conventionnelles ?
Enfin, grâce en particulier à l'abondante correspondance que les militants ont adressée aux dirigeants du mouvement fouriériste, cette étude s'intéresse aux les conséquences de leur adhésion au fouriérisme sur leur vie personnelle et professionnelle ; elle s'interroge sur les raisons qui amènent les uns à persévérer dans leurs convictions de jeunesse et les autres à s'en éloigner ou à leur donner de nouvelles formulations, comme Godin, le fondateur du Familistère de Guise.

23,00 €
Parution : Mars 2010
ISBN : 978-2-8406-6347-8
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