Olympique Lyonnais

Olympique Lyonnais : Histoire d'une ascension
Auteur : Benjamin Danet
Editeur : L' Archipel

Longtemps considéré avec dédain comme «le club de la banlieue de Saint-Etienne», l'Olympique Lyonnais domine aujourd'hui le football hexagonal et force le respect du gotha européen.

La réussite lyonnaise est avant tout due à la ténacité et au talent d'un président visionnaire, Jean-Michel Aulas, qui très tôt a su imposer ses idées et s'entourer d'hommes de valeur.

De la galère des années 1980 au sixième titre de champion de France consécutif obtenu en 2007 - ce qu'aucun autre club d'un grand championnat européen n'avait jamais réussi -, Benjamin Danet retrace l'ascension de l'OL, dont il aborde les aspects sportifs, économiques autant qu'humains.

Interviews - souvent accordées sous le sceau du secret - et anecdotes enrichissent cette biographie ni complaisante ni à charge, la plus complète à ce jour.

17,25 €
Parution : Août 2007
233 pages
ISBN : 978-2-8418-7961-8
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Extrait

À l'ombre d'un géant

À entendre leurs noms, rien ne les distingue. Ni leurs parcours, ni leurs destins. Encore moins les clubs de football qu'ils dirigent. Seule la presse écrite permet aux non-initiés de clarifier leurs inter­rogations. Rocher le Stéphanois, Rochet le Lyonnais. Une lettre les différencie, un monde les sépare.
Le plébéien de la mine d'un côté, prénom Roger, bardé de titres et de reconnaissance après quinze ans de présidence. Sept titres de champion de France et cinq coupes nationales au compteur. Le bourgeois marmoréen de l'autre, prénom Edouard, aux deux Coupes de France en douze ans de règne, contraint d'aller voir ailleurs pour mauvaise gestion au terme de la saison 1976-1977.
Rocher, Rochet, donc. Le premier fume placide­ment la pipe. Le second rumine les regrets, sidéré, comme tant d'autres, par l'évolution d'un sport devenu phénomène de société derrière une épopée. Kiev, Eindhoven, Glasgow, autant de lieux mythiques. La finale, la victoire du Bayern Munich (1-0) et la descente des Champs-Elysées, des faits marquants. La France est triste, mais la France est verte. Pétrie d'orgueil, et de fierté, devant treize besogneux qui doivent leurs succès à leur seule ténacité. À soixante kilomètres de là, passé Saint-Étienne, son ASSE, ses mines et ses crassiers, Lyon et son football se confondent dans l'anonymat. Victimes d'une naissance douloureuse et d'une his­toire chaotique.
En mai 1950, contredisant la formule consacrée, le bébé ne se porte pas bien. Les parents, eux, se débattent en plein divorce. Des querelles de couple entre les sections football et rugby du Lyon Olym­pique Université (LOU). Verdict : le ballon rond mènera sa propre vie et quitte la structure omnisports. Bienvenue à l'Olympique Lyonnais, nom proposé par un chirurgien réputé de la ville, Alain Trillat.
Vingt-cinq ans plus tard, dans son fief de Gerland (ébauché en 1913 et achevé en 1920 par l'architecte Tony Garnier), l'OL a davantage usé ses fidèles que ses adversaires : trois présidents se sont succédé (Grosvelin, Maillet et Rochet), huit entraîneurs (Heissener, Darui, Troupel, Robert, Fernandez, Jasseron, Hon et Mignot) ont ciré le banc. Au palmarès, tout de même, trois Coupes de France remportées en 1963-1964, 1966-1967 et 1972-1973. Et une (éternelle) pointe de regrets au milieu des années i960, alors qu'une génération exception­nelle et des renforts de choix échouent aux portes de la gloire.
Dirigée par Lucien Jasseron, qui cinq ans plus tôt avait remporté la compétition avec un club de seconde division (Le Havre), l'équipe lyonnaise de 1964 s'adjuge la Coupe de France face à Bordeaux (2-0), termine quatrième du championnat et - surtout - manque d'un rien la finale de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe. En demi-finale contre le Sporting de Lisbonne, les Gones ne cèdent en effet que lors d'un match d'appui disputé à Madrid (0-1), après deux nuls, 0-0 à Gerland et 1-1 au Portugal. Avec la règle du but à l'extérieur, seulement adoptée en 1970, Jean Djorkaeff et les siens auraient affronté le MTK Budapest en finale. Cette équipe d'exception bâtit ses succès avec Marcel Aubour dans les buts, Jean Djorkaeff en défense, Angel Rambert à la distribution, le buteur Nestor Combin et le feu follet Fleury Di Nallo en attaque. Malheureusement, l'OL ne parvient pas à conserver ses meilleurs éléments. Nestor «la Foudre» Combin, quarante-trois buts en quarante et un matches cette saison-là, ne résiste pas aux appels répétés de la Juventus de Turin. Jean Djorkaeff l'imitera peu après, direction Marseille, et Marcel Aubour s'en ira à Nice. Sans être vraiment remplacés.
Manque de moyens ? Peut-être. D'ambition ? Plus sûrement. «Pour bien comprendre ce qui se passe à l'Olympique Lyonnais dans les années 1960-1970, il suffit de faire la comparaison avec ce qui advient juste à côté, c'est-à-dire à Saint-Étienne. Pas nécessairement au niveau des valeurs puisque la distinction entre ouvriers stéphanois et bourgeois lyonnais a toujours existé et perdurera. Mais plutôt au niveau de l'ambition : PASSE, elle, en avait. Elle se donnait les moyens de réussir en cherchant les clés du succès et, surtout, en mettant très vite au point les contours d'une structure performante avec cet incroyable dénicheur de talents qu'était Pierre Garonnaire.

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