Un amour de frère
Une sandale qui se prend dans un rail. Colette tombe. Le train de Tunis arrive. À la dernière seconde, elle parvient à ramper hors de la voie. Elle s’était crue morte. Cette forte émotion déclenche un tourbillon d’images, de souvenirs. C’est un vertige qui fait danser les lieux, les moments, les mots, les voix. En particulier, Colette revit et nous fait revivre les années 1967-1968, les hôtels, les chambres de bonnes, la Sorbonne, les petits métiers, le Festival d’Avignon. Paris, ses cafés, ses restos, ses cinémas de la rive gauche.
Mais la figure dominante est celle de son frère Georgy, diabétique dès l’enfance et qui mourut à vingt-sept ans. Colette éprouve un immense amour pour lui, à cause de sa fragilité. « J’acceptais qu’il soit mon maître ». Jusqu’au jour où elle comprend qu’il est son mauvais génie. « Il aura été mon initiateur diabolique. (...) J’aurais accepté de me vendre pour lui plaire et s’il avait vécu plus longtemps, il m’aurait poussée à le faire, il avait déjà essayé plusieurs fois, je n’aurais pas pu refuser. »
On retrouve ici Colette Fellous telle que le lecteur l’a aimée dans ses récits précédents, plus une nouvelle dimension, proche du tragique.