La préparation de la vie
Colette Fellous a été l'élève de Roland Barthes, d'abord dans son « séminaire restreint » de la rue de Tournon, puis au Collège de France. Un jour de 1975, il lui a déclaré : « Vous avez le droit de dire je. » Ce mot et l'idée que Barthes se faisait d'un roman en sachant qu'il ne l'écrirait jamais lui donnent la liberté de composer ce livre. Un livre fait de réminiscences, de choses vues, d'aveux personnels, d'illuminations : ainsi, autrefois, à Tunis, sur la plage, le parasol voisin abrite une femme et son fils, maîtresse et enfant secrets du père de Colette. Ou encore l'étrange et longue histoire de Sam, Américain rencontré à Paris, qui lui offre le voyage à Washington et l'installe chez lui (sa femme et ses enfants sont dans la maison voisine), mais Colette prend peur et s'enfuit. Quarante ans plus tard, ils reprennent leur amitié, à coups de textos. L'évocation de Barthes et de son rêve de roman revient souvent, mais aussi la Tunisie, à la fois pour son passé et les convulsions politiques présentes, la mort de la mère et les surprenantes confidences amoureuses de cette femme, la naissance d'une fille, la vie à Montmartre ou dans les cafés de Saint-Germain-des-Prés, un voyage en URSS au temps du communisme, Antoine Vitez et Aragon, Merce Cunningham, et maints drames, accidents, faits-divers qui se présentent au hasard de la vie. C'est un livre qui touchera tous ceux qui connaissent et qui aiment l'oeuvre de Colette Fellous.