Couverture du livre : Drach

Avis sur le livre : Drach

Vox populi, vox dei. Si l’on tape « Drach Szczepan Twardoch » dans un moteur de recherche, on voit que, entre un Stephen King et un Harry Potter, Drach a été recensé dans son pays par au moins deux « booktubeuses », ces jeunes femmes qui déballent des livres sur YouTube et en font la publicité sans presque jamais en effleurer le contenu. Signe de succès au-delà du champ adulte, donc, ce qui peut paraître curieux pour un roman multiple, feuilleté, dur, jouant avec la langue et qui raconte le destin massacré d’une famille silésienne tout au long du XXe siècle, le tout sous un ciel bas et lourd. Peut-être ce succès adolescent vient-il de ce que Szczepan Twardoch a écrit beaucoup de nouvelles fantastiques et de science-fiction ? Ou que, couvert de prix depuis l’âge de 28 ans (il en a 38), il se montre sur Facebook en « bogosse » ­mécheux, dandy dangereux, boxeur, amateur d’armes à feu et mannequin à ses heures ? Catholique, se présentant comme silésien, il incarne une certaine fierté nationaliste et une résistance mémorielle. Comme le résume un lecteur sur le site d’une librairie polonaise en ligne, Twardoch raconte des histoires « de personnes qui vivent toujours au même endroit » et qui « se débattent avant tout avec la vie ordinaire ».

Eric Loret, Le Monde