Couverture du livre : Matières Fermées

Avis sur le livre : Matières Fermées

Depuis Homo sum (Gallimard, 1973), William Cliff a publié une vingtaine de livres, dont cinq romans, tous retraçant, avec une entêtante sincérité, ses élans, ses détresses, ses emportements. De son exigence à ne rien laisser sous silence, il a bâti une œuvre. William Cliff est le nom qu’il s’est choisi. Mais il n’a pas oublié le petit Albert Imberechts, quatrième d’une grande fratrie, rageur, à la tête dure sous les gifles du père. Il garde en mémoire ses études compliquées, la pension, les bons pères, la terreur du péché. Et cette « emmerdation » qu’il croyait ne jamais voir finir. Alors, avec les études et les premiers boulots, les voyages, les aventures entre hommes, les quelques amours fous, il a fait ses poèmes. Ainsi dans Matières fermées, long poème en huit « liasses » – de souvenirs, d’épais et lourds dossiers, arrachés à la mémoire. Jours qui filent. Qu’on retrouve au hasard. Des noms, des lieux, des visages. Le poème parle de maladie, de singuliers fantômes, d’enfants devenus vieux et d’oiseaux dans les champs. De livres, d’églises, d’arbres, de joies légères, d’émois qui doucement s’effacent et d’autres qui s’éveillent en un étrange printemps. Il n’est guère de craintes, de désabusements qui tiennent.

Xavier Houssin, Le Monde