Intérieur Sud

Auteur : Bertrand Visage
Editeur : Le Seuil

« Personne ne revient se coucher dans un lit qu'il a quitté depuis si longtemps, ni ouvrir une boîte à lettres où son nom n'est plus écrit. Personne ne fait le tour de la terre pour retrouver un grain de beauté sur une fesse.» Personne, vraiment ? Un homme retourne en Sicile huit ans après en avoir été chassé. Il a quarante-quatre ans, sa vie est devenue flottante, aussi éprouve-t-il une indescriptible émotion à arpenter « les rues qui sentent le linge et la tomate ». Et le voici qui rôde chaque soir autour d'un certain immeuble populaire d'un quartier de Catane, où continue de vivre Veronica, et où ils ont habité ensemble. Selon lui, « si l'amour s'arrête, c'est qu'il n'a jamais existé ». Arturo lève les yeux vers le troisième étage. Elle n'est pas là. Il décide alors de pénétrer incognito dans l'appartement et de s'y installer. Bientôt il prend ses aises, et, dans un sentiment d'euphorie et de surexcitation des plus bizarres, il élimine tous les objets qui se sont accumulés en son absence, obtenant même la bénédiction des voisins. Mais une nuit, un violent orage éclate. Arturo, qui ne parvient pas à dormir, se dirige à tâtons vers la cuisine. Là, il aperçoit sur le balcon, à la faveur des éclairs, le corps étendu d'une jeune femme. Il apprendra plus tard que la fille s'appelle Eva Gaeta et qu'elle est prostituée. Une fille tombée du ciel par une nuit d'orage, qui lui demande asile et protection, et surtout de ne prévenir personne... Bertrand Visage revient à sa veine italienne, celle qui a fait le succès de Tous les Soleils. C'est un Sud tour à tour sensuel, violent et âpre, dont Visage excelle à restituer l'atmosphère. L'histoire aurait pu n'être que banale, celle de la fin d'un amour : elle est ici transfigurée par un sens aigu du récit (on ne lâche plus le livre une fois dedans), une acuité quasi visuelle à l'égard des personnages qui le peuplent, femmes-pièges, clans siciliens qui veillent dans l'ombre, petit peuple de Catane... On ne les lit pas, on les voit.

16,20 €
Parution : Janvier 2008
192 pages
ISBN : 978-2-0206-0923-4
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