Saints et diables au chapeau : Bijoux oubliés du Moyen-Age

Du XIIe jusqu'aux toutes premières décennies du XVIe siècle, la cape, la besace et plus encore le couvre-chef de l'homme médiéval servaient de support à d'étonnants petits bijoux pour la plupart façonnés dans le plomb et l'étain. Certains - les plus nombreux - signalaient les pèlerins, les autres identifiaient les membres d'une faction politique ou les participants d'une fête saisonnière. D'autres - sans doute les plus surprenants - véhiculaient des images de sirènes, de sorcières, de diables et reproduisaient même des motifs et des scènes à caractère sexuel. Investis d'une vertu apotropaïque (de protection), ces broches de plomb, produites en série et peu coûteuses, étaient plus que de simples bijoux : elles identifiaient leur propriétaire, rappelaient l'instant vécu et procuraient de nombreux miracles. Saints et Diables au chapeau propose une approche globale de ces bijoux aussi modestes que négligés, aussi petits que nombreux. Saisis dans la totalité de leur cycle de vie, depuis leur fabrication jusqu'à leur abandon dans l'eau vive des rivières, les bijoux sont abordés comme de véritables objets de civilisation, des documents d'histoire. Leur approche révèle des pans entiers de la vie des hommes qui les ont portés, serrés dans leurs mains et parfois couverts de baisers.Aussi, l'univers des pèlerinages, de la prière intime et silencieuse, celui de l'amour courtois ou encore celui des rites visant à garantir la fécondité sont-ils abordés au fil des pages. Située dans les marges de l'histoire et de l'histoire de l'art, cette étude du détail, de l'objet minuscule s'efforce de montrer un « autre » Moyen Âge, quotidien, plus intime où la création artistique, déjà riche des ors des reliquaires et des couleurs chatoyantes des vitraux, se voit complétée par la grisaille du plomb qui vient révéler les pratiques et les croyances des humbles.