Langues obscures - L'art des voleurs et des poètes

Auteur : Daniel Heller-roazen
Editeur : Le Seuil

Langues obscures explore avec ténacité un phénomène curieux et peu analysé. Chaque fois que des humains partagent une langue, ils s'efforcent aussi de créer du neuf à partir d'elle : un idiome cryptique, construit avec la grammaire qu'ils connaissent, qui leur permettra de communiquer en secret. Ces langues cachées prennent bien des formes. Elles peuvent être plaisantes ou sérieuses, jeux d'enfants ou travail d'adultes, aussi impénétrables que des langues étrangères ou seulement un peu différentes des parlers dont elles sont issues, voire à peine perceptibles.

C'est à la Renaissance que des auteurs, dans toute l'Europe, ont noté pour la première fois l'apparition de langues parlées délibérément obscures. Juristes, grammairiens, théologiens les ont condamnées, en soutenant que ces nouvelles formes de discours étaient les instruments du crime, ourdi dans des langues que les honnêtes gens ne pouvaient comprendre. Mais avant l'émergence de ces jargons modernes, la torsion artificielle des langues avait une finalité bien différente : en Grèce ou à Rome aux temps archaïques, en Provence et en Scandinavie au Moyen Âge, chanteurs et copistes inventaient, eux aussi des variantes opaques du parler. Non pas pour tromper mais pour révéler et noter une réalité divine : la langue des dieux, que les poètes et les prêtres étaient, disait-on, les seuls à maîtriser.Langues obscures évolue entre ces diverses langues artificielles et hermétiques. Des jargons criminels aux idiomes sacrés, des arts mystérieux des druides et des copistes de la Bible à la procédure secrète que Tristan Tzara, fondateur de Dada, croyait avoir découverte dans les chansons et ballades de Villon, Langues obscures explore les techniques, communes aux voleurs et aux poètes, qui jouent le son et le sens l'un contre l'autre.

24,00 €
Parution : Mars 2017
288 pages
ISBN : 978-2-0211-2091-2
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