Rassam le magnifique

Etudiant à Sciences-Po, au début des années 1960, Jean-Pierre Rassam est très vite attiré par le cinéma, et surtout par les producteurs. Au point que ce fils de grande bourgeoisie libanaise veut en faire son métier. Il se choisit un exemple et un mentor, Barbet Schroeder, qui vient de fonder, en 1964, avec Eric Rohmer, la société des Films du Losange. Durant trois ans, entre 1972 et 1975, Jean-Pierre Rassam, la trentaine, s'installe dans une suite du palace parisien et y tient table ouverte. Il règne sur une petite cour (les cinéastes produits, mais aussi Jean-Jacques Schul, Ingrid Caven, Henri Langlois, Francis Coppola, Keith Richards, Pierre-André Boutang, madame Claude et ses plus belles filles) qu'il fascine par la fulgurance de son intelligence. Avec Jean-Pierre Rassam, tout va vite quand un projet, un cinéaste ou une histoire lui plaisent. En 1974, Jean-Pierre Rassam rêve de racheter la Gaumont, vieille société du cinéma français qui tente alors de revenir au premier plan. Quelques mois après son coup de force chez Gaumont, il connaît cependant l'échec et doit renoncer. Plongée dans la dépression, la défonce, les histoires d'amour qui finissent mal. Il ne réapparaîtra vraiment que quelques mois en 1984 comme producteur exécutif de Dagobert de Dino Risi, avec Coluche, Serrault, Tognazzi, et sa compagne Carole Bouquet. Mais, alors qu'il a des projets avec Jean Yanne et Claude Villeret, il s'empoisonne à 43 ans au Binoctal, trois plaquettes, à l'aube d'un dimanche de janvier 1985.