Bordel des mers : Le Singulier destin des exilées du "Lady Julian"

En juillet 1789, le Lady Julian quitte le port de Londres avec à son bord deux cent trente-sept femmes âgées de seize à trente-cinq ans : prostituées, pickpockets, vagabondes. Toutes viennent de la terrible geôle de Newgate, si surpeuplée que la haute cour de justice s'est décidée à communier peines capitales et condamnations à la prison à vie en " déportation ". Ainsi le Lady Julian prend-il la route de la lointaine Australie pour répondre aux besoins sexuels des colons de la future Sydney et leur offrir de possibles descendances. Le voyage va durer deux ans.Une fois à bord, ces passagères hors du commun tissent aussitôt des liens avec les membres d'équipage, sous l'oeil bienveillant du capitaine. Des couples se forment, et cela fait un peu oublier les inconvénients de la traversée - chaleur, scorbut, tempêtes. Au bout de neuf mois des enfants vont naître : il y aura une cinquantaine d'accouchements sur le navire. Mais toutes les filles ne vivent pas le grand amour, et aux escales, à Rio de Janeiro, au Cap, plusieurs vont transformer le vaisseau en " bordel flottant " pour les autochtones.Siân Rees a retrouvé le journal du steward et cambusier John Nicol, tombé amoureux au premier regard de la belle Sarah, qu'il met enceinte. Comme les autres marins, il sera contraint d'abandonner sa compagne en Australie, car aucun membre d'équipage n'obtiendra l'autorisation de reprendre la mer avec sa bien-aimée. Mais Nicol reviendra à Sydney bien des années plus tard et se lancera à la recherche de Sarah - conclusion particulièrement romanesque à un livre qui est à lui seul un véritable roman.