Poursuites

Auteur : Jean-Christophe Bailly
Editeur : Christian Bourgois Editeur

« La poursuite, dans les arts de la scène, désigne un projecteur mobile susceptible d’accompagner le déplacement d’un acteur sur le plateau. C’est à ce sens-là que j’ai d’abord pensé en intitulant Poursuites ce recueil de textes sur le théâtre. Mais on peut l’entendre aussi en un sens plus général, comme la poursuite, hors du théâtre, par l’article, l’essai, l’intervention publique, de l’action qui lui est propre.
C’est en effet de l’action en propre du théâtre dont il est question dans ce livre, à travers une suite de textes s’étalant sur vingt ans. Ces textes sont tous des réactions et des accompagnements, des rebonds. Qu’ils fassent état de travaux précis (et nommément ceux de Klaus Michael Grüber, de Georges Lavaudant, de François Tanguy et de Gilberte Tsaï) ou qu’ils soient au contraire “théoriques”, ils cherchent tous à fixer un certain nombre de repères et produisent une configuration où se dégage, du moins je l’espère, une certaine idée du théâtre. Ils sont placés ici dans l’ordre de leur venue, qui est celui qui correspond le mieux à leur caractère d’intervention ou d’accompagnement.
Ce qui les réunit, c’est, je pense, une insistance. Il est courant de dire que le théâtre est un art archaïque, et ce jugement implique ou sous-entend tantôt un éloge et tantôt une critique. D’un côté, on le pense comme un art étonnamment résistant, voire comme l’art de la résistance même. De l’autre, on doute de ses capacités à recouper les lignes et les angles de l’époque, comme s’il était plus ou moins à la traîne d’autres formes de représentation pour lesquelles la modernité, directement liée à leur mode d’existence technique, semble moins problématique. Or il me semble que c’est cette tension même entre une dimension archaïque effective et la volonté maintenue de capter l’air du temps qui fonde l’espace d’intervention du théâtre. Né au soleil sur des gradins de bois et des espaces scéniques en terre battue où toute la vie de la cité retenait son souffle, aujourd’hui joué majoritairement dans le noir de salles ou de lieux clos dispersés, le théâtre, c’est vrai, baratte toute une histoire de planches, de feux, de cris et de grimaces. Mais d’un autre côté il est nu : devant ce qui vient, ce qui lui vient du monde, il n’a qu’un argument, qui est la scène, l’espace de son accueil ou de son recueil sobre et intimant. »

10,00 €
Parution : Avril 2003
180 pages
ISBN : 978-2-2670-1676-5
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