Fantaisie pour deux colonels et une piscine

Sur un ton burlesque et anecdotique, ce récit brosse un portrait satirique et pessimiste du Portugal contemporain. Au fil d'une succession de tableaux, un narrateur capte et entremêle des voix humaines ou animales qui retentissent d'un bout à l'autre du pays. Chacune, selon sa perspective, souligne l'inadaptation de la société portugaise aux normes européennes, depuis l'usage des insecticides jusqu'à la répartition des ordures ménagères. Les deux voix principales sont celles des colonels qui s'entretiennent autour d'une piscine (« parce que les piscines favorisent la conversation »). Le colonel Bernardes, ex-officier de Salazar, se retrouve terré dans un latifundia de l'Alentejo après la révolution d'avril. Malgré la fin de la tragique épopée africaine, il s'obstine à dormir avec sa mitraillette d'un autre temps. Une voix égarée, dépassée, quasi-morte, qui ressurgit uniquement pour exaucer les moindres lubies de sa femme. Le second est le colonel Leucastre, un personnage conventionnel, psycho-rigide, qui s'effraie devant l'attitude communiste-révolutionnaire d'un fils qui s'insurge contre l'ordre ancien. D'autres voix se mêlent enfin à celles-ci : le jeune prodige, le sourcier, le joueur d'échecs, entre autres...