Voyage au bout des seize mètres

Qui mieux que Péter Esterházy, écrivain décoré par le prix allemand du roman pour la paix en 1994, pourrait écrire sur le football ? Et qui pourrait être plus compétent en matière de football que cet ancien footballeur, frère de Marton Esterhazy, joueur de l'équipe nationale de Hongrie qui a participé à la coupe du monde en 1986 ? Esterhazy explore le terrain du football allemand autant que l'âme du pays. Il prend le point de vue d'un observateur assez surpris. Il délivre un récit brillant qui révèle autant l'amour des Allemands pour l'ordre que la passion de leurs supporters dans les gradins et des buveurs de bière dans les bars. « La réalité est habituellement incroyable », réalise-t-il avec une ironie inégalable. Ce livre est né d'un défi. Avant le mondial de 2006, le Süddeutsche Zeitung prie Esterhazy de consacrer un livre au ballon rond. Celui-ci écrit un témoignage très libre où il présente les thèmes les plus divers liés à ce jeu. En premier lieu, il évoque sa famille : ses trois frères et lui-même étaient footballeurs amateurs. L'un d'entre eux est d'ailleurs devenu professionnel, sélectionné à 29 reprises dans l'équipe nationale. Il s'interroge ensuite sur l'interaction entre le football et l'Histoire ainsi que sur le sentiment national. Les pages qu'il consacre au rôle des arbitres lui permettent d'aborder tout naturellement les questions de la justice, de la solidarité, de l'amitié, du goût de l'effort, de la volonté de gagner, de la douleur, ou encore du vieillissement. Par l'évocation de ses souvenirs de joueur dans l'équipe universitaire, invité dans une ville d'Allemagne de l'Est et le récit de son rendez-vous manqué, trente ans plus tard, avec un ancien joueur de l'équipe allemande, il met en évidence les drames produits par la réunification et les blocages qui en ont résulté.