Le Petit Nicolas à l'Elysée

Auteur(s) : Gospé, Sempinny
Editeur : Editions du Rocher

A l'école, le jour de la rentrée des classes, avec les copains on se sentait un peu seuls. Dans la cour il y avait beaucoup d'absents et beaucoup de nouveaux. Quand on s'est assis sur nos chaises, la maîtresse nous a dit leur nom. Il y avait François, qui était très bien coiffé et qui regardait ses souliers (il faut dire qu'ils étaient bien cirés), Jean-Louis qui se mettait tout le temps les mains dans les cheveux avec ses doigts plein d'encre, alors qu'on n'avait même pas commencé à travailler, Alain qui rangeait bien droit ses crayons et qui avait déjà écrit son nom dans la marge. Il y en avait un qui était timide, et qui s'appelait Brice. Il voulait être à côté de Nicolas, parce qu'il disait qu'il le connaissait, mais Nicolas n'avait pas l'air de s'en souvenir, et il ne lui parlait même pas.Ce qui était bizarre, c'était de voir autant de filles. Avant, il n'y avait que Ségolène dans la classe, mais cette année, a dit la maîtresse, il faudrait faire un bon accueil aux nouvelles. Nous on a surtout fait bon accueil à Rachida, parce qu'elle était très belle avec son sourire timide et ses yeux noirs.« Vous reconnaissez Michèle »- a dit la maîtresse. Nous, on l'avait bien reconnu, elle était venue une journée l'année dernière et cette année elle avait encore l'air sérieux de Papa quand il s'énerve.-Je suis revenue pour trois raison, nous a dit Michèle. D'abord, parce qu'on m'a garanti que le niveau s'était amélioré... On n'a pas entendu les autres raisons de Michèle, c'est dommage, parce que la cloche a sonné et qu'on est sortis en récréation en criant.Ce qui nous a consolé c'est que la maîtresse nous a dit que la semaine prochaine, ce serait la journée du patrimoine et que cette année on ne visiterait pas un château fort mais le palais de l'Elysée où habite le président de la République. Philippe a dit que c'était mieux du temps des rois parce qu'ils habitaient Versailles ; Ségolène a dit que l'Elysée, elle le connaissait, parce qu'elle y était allé avec son oncle François. Mais ce n'était peut-être pas vrai, parce que Ségolène, elle dit souvent n'importe quoi. Nicolas avait l'air tout drôle. Il avait les yeux brillants et il s'était redressé sur sa chaise comme quand M. le Directeur entre dans la classe pour nous rendre nos carnets. François a demandé s'il fallait mettre une cravate. Et Jean-Louis a dit que ce qui serait chouette, ce serait d'apporter des sandouiches au poulet pour faire un pique-nique dans la cour. Alors Nicolas lui a dit que c'était pas un square, que c'était le Palais du chef de l'Etat. Alain taillait ses crayons sans rien dire. Il préparait son cartable. Il nous a dit qu'il faudrait prendre des notes parce qu'il ne faut jamais rater une occasion de s'instruire. Il n'avait pas l'air bien rigolo, Alain. Et c'est dommage, des notes, il n'a pas pu en prendre. Parce que la veille de la visite, M. le directeur est venu nous dire qu'Alain était renvoyé, et qu'il devait quitter l'école, pour partir très loin, au Canada. Il a de la chance, Alain. Il paraît que là-bas, il y a de la neige toute l'année, des crêpes au sirop d'érable et des policiers qui montent à cheval et qui poursuivent des indiens.

15,20 €
Parution : Octobre 2007
183 pages
ISBN : 978-2-2680-6384-3
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