Camera obscura

Auteur : Karl Manders
Editeur : Serpent à plumes (Le)

Vers la fin des années 30, Cornelius van Baerle, le fils d'un riche commerçant hollandais, rencontre au cours d'un voyage en Europe centrale une jeune fille simple d'esprit qui devient sa maîtresse et lui donne un fils. Emmené par son père, l'enfant est élevé par sa tante Ineke qui l'aime comme son propre fils. L'enfant grandit dans un environnement privilégié, un peu magique, entre l'affection des ses parents adoptifs et l'amitié de Mirjam, la fille du comte voisin qui collectionne les papillons. Mais vers la fin de la guerre, Cornelius est accusé d'avoir collaboré passivement et doit aller témoigner contre les nazis afin de sauver son entreprise. Capturé par l'Armée Rouge il est déporté et on le croit mort. Dans les années qui suivent, les destins du père et du fils sont suivis en parallèle. Ce dernier devient athlète et part pour le marathon de Moscou. Il rencontre alors un compagnon de goulag de son père et réalise que celui-ci est sans doute vivant...
Ce roman, dont la narration s'étale sur un gros quart de siècle, fait alterner l'évocation des horreurs du XXème siècle et la vision magique du monde par un enfant. En faisant contraster mais aussi se rejoindre de manière surprenante de cauchemardesque et la candeur rêveuse, Karl Manders magnifie l'écriture de son roman. Il crée ainsi une opposition riche de sens entre l'éducation de cet enfant "différent" qui évolue dans un monde quasi fabuleux et l'histoire de son père, homme au parcours carcéral tragique qui finit par accepter son destin avec un fatalisme absurde. L'originalité de ce roman est d'éviter les localisations géographiques ou temporelles trop précises et de laisser l'action évoluer sans être parasitée par les contraintes de réalisme, la laissant s'épanouir sur le plan symbolique plus que factuel. Et le totalitarisme tel qu'il est évoqué ici, par le biais d'évocations minimales, impose au lecteur une vision très forte en évitant tout cliché. Une puissance narrative vigoureuse, une écriture très littéraire : la traduction de ce premier roman permet de découvrir le talent de Karl Manders.

19,20 €
Parution : Janvier 2008
343 pages
ISBN : 978-2-2680-6403-1
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