J'ai cru aux Khmers rouges

Auteur : Ong Thong Hoeung
Editeur : Buchet Chastel

Ong Thong Hœung est né au Cambodge en 1945, dans une famille paysanne de la classe moyenne. Après avoir passé son baccalauréat à Phnom Penh, il arrive à Paris en 1965, pour suivre des études d’économie politique. En 1970, il rejoint le Front Uni National du Kampuchea, constitué à l’appel du prince Sihanouk, après le coup d’État du général Lon Nol. A partir de l974, il se met au service, en France de la Mission du Gouvernement Royal d’Union Nationale du Cambodge, dont sont membres les Khmers rouges qui prendront le pouvoir en avril 1975.
Rentré dans son pays en juillet 1976, il connaît les «camps de rééducation», jusqu’à la défaite des Khmers rouges, chassés du pouvoir par les troupes vietnamiennes en1979. Pendant cette période, les deux tiers des membres de sa famille trouveront la mort. De juin à octobre 1979, il travaille comme archiviste au musée de Tuol Sleng, lieu de détention, de torture et d’extermination sous le régime de Pol Pot. Il fuit en Thaïlande en novembre 1979. En 1982, il arrive en Belgique et s’installe définitivement à Bruxelles.
En avril 1975, les Khmers rouges prenaient le pouvoir à Phnom Penh. Nombreux furent ceux qui applaudirent alors, croyant que cette victoire annonçait un avenir radieux. Parmi eux, des Cambodgiens expatriés en France ou aux États-Unis, étudiants, intellectuels, anciens fonctionnaires ou militaires… Ong Thong Hœung était un de ceux-là. En juillet 1976, il quitte Paris, où il suivait des études, pour rentrer au pays où sa femme l’a précédé. Comme la plupart de ses amis, «progressiste», mais pas communiste, il espère alors pouvoir se mettre au service d’un pays libéré. Mais à leur arrivée, les «étrangers» sont aussitôt dirigés vers un camp de rééducation. Le rêve tourne au cauchemar. C’est le récit bouleversant de cette traversée de l’enfer que l’on lira ici.
Beaucoup de ceux qui firent ce «voyage de retour» sont morts dans les camps de Pol Pot. Ong Thong Hœung et sa femme ont survécu. C’est dans un camp qu’est né, dans des conditions terrifiantes, leur premier enfant.
La plupart de ceux qui en sont «revenus» ont le plus souvent gardé le silence ou considéré que la fatalité s’était abattue sur eux, comme sur le Cambodge. Convaincu que son pays ne se relèvera pas sans un examen lucide et courageux de ce qui s’est passé, Ong Thong Hœung va beaucoup plus loin. Il reconnaît s’être trompé et montre comment, même dans les camps, en dépit des souffrances qu’ils enduraient, lui et ses compagnons ont encore voulu «y croire». Presque jusqu’à la fin.
Un témoignage exceptionnel sur la folie idéologique et l’aveuglement qui peuvent s’emparer de tout un chacun, avec les meilleures intentions du monde. Il est aussi une pièce considérable à verser au dossier du futur procès des Khmers rouges qui devrait enfin s’ouvrir au Cambodge, près de 30 ans après leur règne criminel.

20,30 €
Parution : Septembre 2003
276 pages
ISBN : 978-2-2830-1936-8
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