Point de fuite possible
Une fois de plus, Gaël Bandelier décline l'art d'une écriture repoussant les limites de la représentation classique. Qui pourrait ne pas s'identifier à un végétal de compagnie, ou tourner la page sur un recto beckettien qui, seul doublé de son verso symétrique, ourle une existence burlesque au sens strict ? A partir d'un lieu unique, une passerelle sortant d'un mur, le fil d'Ariane croit s'étioler au gré des pages, alors que, finalement, il laisse place à une mythologie post-moderne. Jamais l'auteur ne s'érigerait en moraliste précepteur ; pourtant, le langage opère à lui seul, matérialisant les plans possibles d'une connivence coupable entre des personnages suspendus dans un monde irréel. Eux-mêmes. Vous. Et pourtant, "la meilleure manière de joindre un autre point à partir d'un point est d'y être déjà".