Lettres d'amour à une princesse chinoise : Et autres pièces courtes
Sept pièces hétéroclites réunies autour de l'amour et de ses correspondances, de la société, de l'engagement politique, de l'art et, pour finir, de la mort.
Comment j'ai dressé un escargot sur tes seins ouvre la composition par les monologues de Gérard, écrivain. Il nous raconte les épisodes de son histoire d'amour avec Madame, de leur rencontre à la dégradation de leurs rapports emmêlés dans un érotisme fétichiste. C'est seul qu'il réalise enfin que son inspiration était en elle.
A l'occasion d'un mariage impérial chinois, à travers cette fois-ci, un échange épistolaire à deux voix, Lettres d'amour à une princesse chinoise raconte deux sociétés qui se disputent l'habillage floral des festivités. Elles vont alors confronter violemment leurs positions, l'une se revendiquant de la tradition pure, l'autre proposant des innovations par la manipulation de la nature. Mais finalement elles fusionnent pour assurer ensemble la prestation.
Viennent ensuite Le Voyageur dans la pluie et Les Yeux de la falaise, sortes de contes mélancoliques à plusieurs voix qui évoquent les confrontations d'une petite fille, d'abord avec la question de la mort à travers sa rencontre avec un vagabond, puis avec l'art et sa transmission au cours d'un rendez-vous avec un sculpteur solitaire.
Cette forme d'émotion qui est l'acquisition temporaire d'une paire de chaussures fait revenir l'érotisme présent dans la première pièce avec le monologue d'un marchand de chaussures. Il propose à une acheteuse imaginaire de louer des modèles uniques portés par des célébrités. On ne vend pas, on échange le port provisoire d'une paire de chaussures contre un sacrifice sensuel, chaque paire ayant son prix. La cliente muette semble se plier à la règle et accepte d'entrer, nue, dans la première cabine, où le vendeur va la rejoindre.
La mort fait son retour dans les deux dernières pièces. Une baignoire révolutionnaire s'ouvre sur un chant rebelle ; deux hommes et une femme sont dans une baignoire et mettent en scène la vanité des révolutions. Repas avec la mort termine cet ensemble théâtral en compagnie de cinq enfants et d'un choeur d'ombres qui croisent leur perception de la mort, tout en caressant l'espoir qu'elle trépasse elle-même un jour.
Matéi Visniec revient avec un ensemble de courtes pièces aux allures de recueil de nouvelles. Il nous livre un patchwork de tableaux aux procédés divers. Monologues, scènes, choralité et mêlées épistolaires entourent les êtres de cette partition tant engagée que poétique.