L'honneur, c'est dire non - Place d'un principe dans la société contemporaine

Les mouvements sociaux portés par la jeunesse qui ont émergé ces dix dernières années ont remis au goût du jour une notion jusqu'ici considérée comme dépassée : l'honneur.
Celui-ci qui évoque, selon les époques, un principe chevaleresque, une passion patriotique ou un terme propre aux populations du bassin méditerranéen, revient sur le devant de la scène contemporaine pour, cette fois-ci, s'imposer comme un concept « brandi » par les individus pour dénoncer les conditions sociales qui les asservissent. Le sentiment d'indignation est d'autant plus fort dans les sociétés modernes capitalistes, qu'il répond au désenchantement des individus face au monde qui les entoure : marasme politique, mondialisation, monde de plus en plus rationalisé et tourné vers le profit, absence de perspectives d'avenir...
Pour résister à la déchéance sociale et morale qui les guette, les individus vont alors mobiliser « la seule chose qui leur reste », à savoir leur honneur, pour dire « non » aux leitmotivs de la société marchande, aux corruptions en tout genre mais surtout pour reprendre le contrôle de leur existence. Dans le monde contemporain, l'honneur semble alors avoir acquis une nouvelle dimension : il cristallise désormais les indignations et insuffle aux populations un élan libérateur.
Ce sentiment de révolte et d'exaspération face à un monde d'injustices semble d'ailleurs s'étendre à de nombreux pays. Dans cet ouvrage, c'est à la lumière d'interviews effectués avec la jeunesse française et turque que nous tenterons de cerner l'évolution sociale de cette notion ainsi que le positionnement des acteurs face à ces situations qui portent atteinte à la dignité de l'homme et dont ils souhaitent s'émanciper. Une chose est sûre : si l'honneur était jusqu'ici empreint de la culture dans laquelle il évoluait, aujourd'hui il semble s'universaliser pour devenir une notion qui semble redevenir une valeur-refuge.