Walter Benjamin face à la tempête du progrès

Auteur : Agnès Sinaï
Editeur : Le Passager Clandestin

Walter Benjamin se situe à la confluence de plusieurs courants, du romantisme révolutionnaire, du matérialisme historique et de la théologie juive, sans se revendiquer pour autant d'aucune chapelle. Il va audelà de la critique marxiste du capitalisme industriel, y compris celle de ses amis de l'école de Francfort comme Horkheimer ou Adorno. Sa sensibilité, singulière et marginale, le pousse plutôt à percer le rapport au temps, à la mémoire et à l'histoire que déclenchent la technique et la reproduction sériée des objets et des images, annonçant le déferlement productiviste contemporain et la société du spectacle. Dans la première guerre mondiale, Benjamin perçoit le saut anthropologique du basculement du monde vers des techniques de violence de masse. Il décrit la guerre comme une discontinuité inédite de l'histoire, imbriquée dans un progrès technique qui efface les traces et l'unicité. Il y verrait peut-être aussi, aujourd'hui, le seuil de ce que l'on appelle désormais l'anthropocène : « Les hommes en tant qu'espèce sont parvenus depuis des millénaires au terme de leur évolution. Mais l'humanité en tant qu'espèce est encore au début de la sienne ».
Benjamin a dénoncé l'« effroyable déploiement de la technique » qui plonge les hommes dans une « pauvreté tout à fait nouvelle » qui engendre « une nouvelle espèce de barbarie ». Il fonde toute forme d'émancipation sur la capacité de se détacher de la grande accélération et de visualiser le caractère entropique de la société industrielle. Pour lui, la révolution sera « l'acte par lequel l'humanité qui voyage dans le train tire les freins d'urgence ».

8,00 €
Parution : Novembre 2016
Format: Poche
101 pages
ISBN : 978-2-3693-5064-4
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