Le grand divorce : Pourquoi les Français haïssent leur économie

Partout dans le monde, l’économie de marché est considérée comme une donnée, sauf à Cuba, en Corée du Nord… et en France. Les Français ne l’aiment pas, cette économie « capitaliste », et comme rien ne peut se construire sans amour, la France passe à côté de la croissance mondiale qui n’a jamais été aussi rayonnante depuis trente ans, après s’être ruinée à essayer de démontrer la viabilité d’une illusoire « troisième voie » qui faisait la part belle à l’Etat actionnaire, à ses énarques, à sa fonction publique et aux sacro-saints syndicats de ses services publics qui rêvent de Grand Soir tout en creusant à l’infini une dette publique qui hypothèque l’avenir des générations futures. « Une troisième voie » qui fait également la part belle à une économie mixte d’invention purement française, se résumant trop souvent à un mélange d’intérêts publics et d’intérêts privés.

D’où nous vient cette haine d’une économie qui pourtant nous nourrit ? A droite, de nos vieux fonds paysan et catholique qui diabolisent l’argent et le commerce, à gauche de notre tradition intellectuelle égalitariste issue de la Révolution qui culpabilise la réussite individuelle ? D’un mélange toxique des deux, affirme Michel Turin. Toujours est-il que la moitié de l’économie française vit hors-marché, et que l’autre moitié le récuse, avec des conséquences calamiteuses : perte de prestige et d’influence de la France sur la scène internationale, répugnance des grandes entreprises internationales à s’installer chez nous, PME manquant cruellement de moyens financiers pour régénérer le tissu industriel français, grandes entreprises aux mains d’actionnaires majoritairement étrangers, régimes de retraites exsangues, chômage de masse, fuite des cerveaux et des capitaux, etc.

« La France est un pays soviétique qui a réussi », disait-on encore il y a dix ou vingt ans en manière de plaisanterie. Aujourd’hui, la blague fait rire jaune. Pas à cause de la première partie de l’énoncé. A cause de la seconde.

Michel Turin décortique cette drôle d’allergie, depuis ses causes profondes jusqu’au pronostic vital, en passant par une description féroce des symptômes.