Spéciale dernière : Qui veut la mort de la presse quotidienne française ?

La crise de la presse quotidienne nationale française s'est développée comme un cancer depuis la Libération, et voilà qu'à présent elle semble entrer dans sa phase terminale. Si tous les titres ne meurent pas, comme Le Matin, tous sont frappés à des degrés divers par la chute des ventes en kiosque, la stagnation des abonnements, la baisse des recettes publicitaires, la hausse vertigineuse et apparemment incontrôlable des coûts, l'érosion de leur crédibilité, et bien sûr par l'apparition d'une concurrence multiforme.
Emmanuel Schwartzenberg ne se contente pas de recenser les causes les plus visibles et les plus fréquemment citées de cette bérézina, à savoir l'apparition des journaux gratuits et la concurrence d'internet. Le mal, selon lui, vient de beaucoup plus loin, en particulier de l'époque de la Libération, quand des avantages exorbitants furent concédés au Syndicat du Livre - avantages sonnants et trébuchants qui lui permit de capter au profit de ses adhérents (que lui seul avait le pouvoir d'embaucher !) une grande partie des marges de la presse pendant un demi-siècle, la laissant exsangue à l'heure des grandes mutations...
L'auteur nous livre le récit détaillé des tractations, manoeuvres et abdications qui émaillèrent la vie mouvementée de la presse française depuis 1945. Pour le première fois, des syndicalistes et des patrons parlent librement de ces événements et assument leurs responsabilités dans la débâcle qui s'ensuivit.
Ayant eu accès à quantité de documents très confidentiels, l'auteur dévoile la terrible réalité des vrais chiffres : tirages, ventes en kiosque, abonnements, exemplaires gratuits, exemplaires « tombés du camion », chiffres d'affaires publicitaires « net net »... Rien d'étonnant à ce qu'ils soient classés top secret...
À l'arrivée, c'est la démocratie elle-même qui est en danger, explique l'auteur, car jamais Internet ne remplacera une presse libre et prospère. Et d'esquisser quelques pistes pour sauver ce qui peut l'être encore.