Lapize : Celui-là était un "as"

Dans les années 52, mon frère (Louison Bobet) et moi résidions dans la banlieue Est de Paris. A chacun de nos entraînements, nous passions devant le Café Lapize à Villiers-sur-Marne. Ce Lapize nous poursuivait partout. Il n'y avait pas, à cette époque, d'autres courroies de cale-pied que la courroie signée Lapize. Et puis il y avait sur le circuit automobile de Monthléry cette sacrée côte Lapize qui forçait la décision de toutes les courses cyclistes qui s'y déroulaient et notamment du championnat de France. A Villiers-sur-Marne, Octave Lapize n'était plus dans le café. Nous savions qu'il était mort à la guerre, celle de 14 - 18. On disait même qu'il était mort en héros. Et puis c'est tout. Le café Lapize était la propriété du père du champion. Un jour, j'ai franchi la tonnelle qui donnait accès à la grande salle du café. Et alors là, le choc ! J'ai vu Octave Lapize, le champion, dans un grand tableau accroché au mur, un pastel superbe qui le représentait, superbe, dans son maillot de champion de France. J'avais devant moi non pas le portrait d'un Ancien, mais celui d'un homme de classe, d'un seigneur de tous les temps. Le portrait d'un As. Sous le portrait, on pouvait lire "Vainqueur du Tour de France, de Paris-Roubaix (3 fois), de Paris-Bruxelles (3 fois)... C'était en 1952. Pendant cinquante ans, j'ai toujours pensé à Octave Lapize. Un jour, j'ai décidé de lire son portrait, de trouver sa trace pour raconter sa vie. Grâce à lui, j'ai connu les plus riches heures du sport cycliste, celles du début du XXème siècle, les années Lapize, celles d'avant la guerre, la Grande.