Le Livre persan

Auteur : Francis Richard
Editeur : Bibliothèque Nationale de France - BNF

Dans la seconde conférence est abordé un problème jusqu’ici peu étudié : la transmission des textes persans entre auteur et lecteurs par l’intermédiaire du manuscrit. Dans quelles conditions les textes sont recueillis et recopiés. Comment ils sont corrigés. Se pose la question de la méthode à suivre pour réaliser des éditions critiques de textes. à l’aide de quelques exemples pris parmi les manuscrits de la BNF, on s’est interrogé sur les différentes « éditions critiques » qui ont pu être réalisées aux époques anciennes et sur le rôle des mécènes princiers dans ce domaine. La transmission et la correction des textes sont liées aux méthodes de travail des copistes : il semble qu’il a existé plusieurs méthodes selon les époques et les lieux. Plus que ces réponses définitives, on trouvera là une série d’observations préliminaires qui pourront aider à mieux connaître l’histoire intellectuelle des milieux lettrés persans.
La troisième conférence aborde un cas d’espèce illustre : la diffusion de l’œuvre d’un poète et mystique, qui possédait déjà une immense renommée de son vivant – dans la seconde moitié du XVe siècle –, le poète Djâmi de Hérât. Une rapide présentation des manuscrits de son œuvre poétique qui sont conservés à la BNF permet de constater dans quelle mesure il peut exister des différences de contenu entre tous ces manuscrits copiés entre 1470 et la fin du XVIe siècle. On s’est surtout attardé sur la diffusion de son œuvre dans l’empire ottoman – considérable et insuffisamment soulignée jusqu’ici – et sur un manuscrit copié en Perse et somptueusement transformé vers 1530 à Istanbul où il a reçu des peintures qui n’étaient pas prévues au départ. L’œuvre de Djâmi et sa diffusion sont sans doute un bon exemple du phénomène de « mode littéraire » dans la Perse classique.

Tout différent est le propos de la dernière conférence qui s’attache à attirer l’attention sur un type de décor à la fois omniprésent dans les manuscrits persans et éclipsé par la miniature qui a beaucoup plus attiré l’attention des amateurs et des spécialistes d’histoire de l’art. Or ces « frontispices » initiaux ou « sarlowhs » que l’on trouve en tête de nombre de manuscrits sont l’un des décors les plus classiques des manuscrits persans. On a tenté de retracer brièvement l’histoire de ce type d’ornement enluminé : une certaine évolution des styles s’accompagne d’une extrême fidélité à des modèles et à un répertoire d’éléments auxquels on puise pour réaliser ces décors dont certains sont de véritables chefs d’œuvre. L’étude systématique de ces décors de frontispice pose de redoutables problèmes du fait de leurs abondances et de leur caractère non figuratif. Rassembler systématiquement un corpus d’images est la condition préalable à une histoire véritable de ces décors qui sont presque emblématiques, avec la calligraphie, de l’art du livre persan.

12,00 €
Parution : Octobre 2003
96 pages
ISBN : 978-2-7177-2065-5
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