Wu Guanzhong

Auteur : Alain Bonfand
Editeur : Editions de La Différence

Avec Chu Teh-Chun et Zao Wou-Ki, Wu Guanzhong est un peintre du mélange de la tradition orientale et occidentale. De la même génération qu'eux (les années vingt), il est le seul à rester en Chine, après un séjour en France dans l'atelier de J.M. Souverbie en 1947. Il traverse donc les grands bouleversements politiques que subit son pays. Pendant la Révolution culturelle il est, comme tous les intellectuels, envoyé aux champs et une grande partie de son oeuvre qui précède cette période est détruite. Mais, dans la peinture comme ailleurs, tout ce qui ne vous détruit pas vous renforce. Ces années sombres lui permettent de renouer avec un sentiment et une connaissance de la nature qu'il traduira plus tard dans des encres magnifiques. Plus encore que Chu Teh-Chun et Zao Wou-Ki, il utilise l'énergie gestuelle si essentielle à la grande tradition de la peinture chinoise pour réinterpréter le monde en forces et en rythmes.Né en 1919 dans le village de Beiqu dans la province de Jiangsu, il prépare, à dix-sept ans, son entrée à l'École des Beaux-Arts de Hangzhou quand éclate la guerre avec le Japon. Professeurs et élèves fuient avec le directeur de l'école Lin Fengmian sur des bateaux de bois. Finalement, il change d'école et fait ses études dans la province du Jiangxi. Il apprend la technique de la peinture à l'huile et celle de la peinture chinoise traditionnelle. En 1945, il est assistant au département d'Architecture de l'Université de Chongqing. Il suit des cours de français. En 1946, dans le cadre d'un échange entre étudiants français et chinois, il est choisi pour aller étudier la peinture en France. Il épouse cet hiver-là, à Nanjing, Zhu Biqin dont il aura trois enfants. Arrivé à Paris en août 1947, il s'inscrit aux Beaux-Arts où il travaille dans l'atelier de Souverbie. Il visite l'Europe, notamment la Suisse, l'Italie, l'Angleterre. Quand, en 1949, la République populaire de Chine voit le jour, il est en Europe. En été 1950, il prend à Marseille le bateau pour Hongkong. De là, il rentre à Pékin. Dès 1952 on l'accuse de conformisme bourgeois. Plutôt que de peindre les figures imposées par le régime, il se réfugie dans la peinture de paysage et le portrait. En 1966, éclate la Révolution culturelle. Il est désormais interdit de peindre, d'écrire et d'enseigner. Avant que les gardes rouges ne trouvent sa maison et ne confisquent ses biens, il détruit toutes ses peintures à l'huile, ses nus et ses oeuvres faites à Paris. En 1970, à l'âge de cinquante et un ans, il est envoyé dans la province de Hebei pour travailler aux champs. Séparé de sa femme, il est sous la surveillance des cadres de l'armée chargés de le rééduquer. Il est néanmoins permis de peindre pendant les vacances. En 1973, de retour à Pékin, on le charge de réaliser une peinture murale pour le nouveau bâtiment de l'Hôtel de Pékin. Il se remet à la peinture à l'huile et à l'encre sur rouleau. En 1976, il peint une grande toile pour le Musée d'Histoire de la Chine. En 1978, à l'âge de 59 ans, l'Académie des Arts et des Arts décoratifs lui organise sa première exposition personnelle. L'année suivante le Musée national des Beaux-Arts de Chine lui consacre une grande rétrospective où sont montrés plus de cent tableaux et encres. C'est le début de la reconnaissance, d'abord dans les différentes provinces de Chine où ses oeuvres sont présentées, puis au Japon et aux États-Unis. Les expositions se succèdent, Singapour, Pékin, Tokyo, Hongkong, Londres, Paris, en 1993 au musée Cernuschi, Taipei en 1997, Hongkong à nouveau, en 2001. De nombreuses publications sur son oeuvre paraissent en Asie. Depuis 2005 un musée consacré à son oeuvre se construit à Singapour. La Galerie Baiyaxuan édite et montre son travail régulièrement à Pékin.

91,30 €
Parution : Mai 2007
381 pages
ISBN : 978-2-7291-1687-3
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