Discours sur le Suicide

Auteur : Giacomo Casanova
Editeur : Rivages

Les neuf dialogues et le discours sur le suicide comptent parmi les rares textes de Giacomo Casanova (1725-1798) écrits en italien (contrairement à ses Mémoires qui le furent en français). Retrouvés dans les archives nationales de Prague, ils témoignent de l’intérêt du mémorialiste pour le thème antique de la mort volontaire, comme expression de la liberté. Traversé par l’idée de mettre fin à ses jours, comme en témoigne un passage de son autobiographie, Casanova réfléchit (dans la dernière période de sa vie) à ce problème de deux façons contradictoire : en effet, en 1769, dans un Discours sur le suicide, il s’oppose à la thèse, la plus fréquente, qui voit dans la mort volontaire une forme élémentaire de liberté. Il décrit le suicide comme " une action abominable " et une " frénésie ". Or, peu après la publication de ce texte (qui faisait partie de la Réfutation de l’histoire du gouvernement vénitien d’Amelot de la Houssaie), deux lecteurs se suicidèrent.

Estimant avoir bien mal argumenté, puisque son livre incitait involontairement au suicide, quand son objectif était d’en dissuader les lecteurs, Casanova décide, treize années plus tard, en 1782, de rédiger neuf dialogues philosophiques, défendant la thèse inverse - à savoir qu’il convient de se tuer pour être libre -, dans l’espoir d’obtenir l’effet contraire. Le premier discours s’appuie sur des textes anciens, grecs et latins, pour en démontrer l’absurdité. « Que fera donc l’âme de celui qui s’est suicidé, une fois qu’elle sera privée de son corps ? Ou, pour mieux dire, que fera celui qui s’est suicidé, une fois privé de son corps, sans aucune des facultés qui le réclamaient pour pouvoir être mises en œuvre ? Quel sera le bonheur de cette âme, une fois réduite à la possession du seul pouvoir de penser… ? » Les dialogues suivants sont plus conformes à l’image que l’on a de Casanova, un Casanova vieillissant et perdant ses illusions de vitalité. Les dialogues ont pour sous-titres respectifs : Foi, Dieu, Dépendance, Nature, Illusions, Evidence, Nécessité, Physique, Suicide.

« L’homme, conclut-il, doit faire tout ce qu’il fait ; et il est aussi maître d’œuvrer en contradiction avec les raisons qui le font agir, qu’il l’est de faire en sorte qu’une balance ne penche pas du côté où elle est inclinée par une force d’un poids plus important. Il ne sera donc même pas maître de se tuer ? Assurément pas. Il s’ensuit donc qu’il ne convient ni d’admirer celui qui se suicide, ni de le blâmer, car il œuvrera comme il devait œuvrer selon les raisons qu’il l’y poussèrent ou qui l’empêchèrent de s’y résoudre. »
Cette suspension du jugement devient alors l’expression suprême de la liberté de penser face à la fatalité dont l’homme n’est que le jouet.

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Parution : Octobre 2007
Format: Poche
164 pages
ISBN : 978-2-7436-1730-1
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