Agone, N° 54/2014 : Les beaux quartiers de l'extrême droite

Auteur(s) : Samuel Bouron, Maïa Drouard, Collectif
Editeur : Agone

La représentation que les médias donnent de l'extrême droite se cantonne souvent à son aspect spectaculaire et violent. La focalisation sur sa partie visible donne l'impression qu'elle se limite au Front national et à quelques mouvements satellites, qui aiment à se présenter comme les porte-parole de la colère des « sans-grades ». Se réclamant d'une légitimité « par en bas », les réactionnaires d'aujourd'hui opèrent pourtant un important travail de normalisation qui prend appui sur différentes fractions du champ du pouvoir, avec la complicité d'une partie de la grande bourgeoisie et des élites, entre autres culturelles.
Ils sont d'autant plus efficaces qu'ils donnent une impression d'apolitisme, rendant leur idéologie diffuse. Karl Kraus avait montré comment le nazisme avait su s'emparer du langage pour conquérir une bonne partie du milieu intellectuel et de la presse. Ce numéro vise à dévoiler les logiques de diffusion de l'idéologie ou plus précisément des schèmes de pensée de l'extrême droite. Pour les comprendre, il faut étudier les idéologues qui renouvellent son discours.
C'est en particulier dans les années 1960, alors qu'elle est décriée comme un mouvement réactionnaire et arrière-gardiste, que l'extrême droite se renouvelle en profondeur et s'investit dans un projet culturel et métapolitique pour concurrencer l'hégémonie supposée de la gauche, dans une stratégie qu'elle poursuit encore aujourd'hui.
Des chefs de file comme Dominique Venner s'entourent alors d'universitaires et de journalistes de manière à pénétrer les élites grâce à des idées reposant sur des argumentaires à prétention scientifique. La stratégie de pénétration des élites se trouve particulièrement marquée dans le cas du Club de l'Horloge, un cercle de réflexion politique composé et destiné à de hauts fonctionnaires.
Une autre transformation majeure de cette extrême droite consiste à éviter l'image de parti de notables et à diffuser une image rajeunie. L'enjeu est alors de former des cadres militants dévoués et capables de diffuser un idéal moral, comme dans le Bloc identitaire. Au contraire d'une pensée rigide et immuable, nous mettrons ainsi l'accent sur les capacités de mutation du discours de l'extrême droite et sur sa capacité à se renouveler en empruntant notamment à ses adversaires une contestation sociale apparente.

20,00 €
Parution : Juin 2014
208 pages
ISBN : 978-2-7489-0211-2
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