Le Téléprésident : Essai sur un pouvoir médiatique

Depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, on est entré dans l'âge médiatique de la politique. Avec lui comme avec son gouvernement, l'action est pensée simultanément et systématiquement comme communication. Et la communication a, déjà, valeur d'action. Au coeur de ce système, un moyen et un responsable principal : l'image. De la photographie de sa rencontre avec les salariés d'Airbus à l'image de l'entretien avec le père du petit Enis, en passant par celle de l'accolade donnée à Angela Merkel, le chef de l'État ancre son action dans la représentation iconique - à la télévision et dans les magazines - de sa présence sur le terrain. Cette communication « présencielle » emprunte à l'image sa rapidité et sa puissance symbolique adaptées au temps de consommation des médias. L'image dit présence mais aussi action. Comme les rois qui soignaient les écrouelles, il suffit que le « téléprésident » se mêle au peuple qui souffre pour que, déjà, sa peine semble allégée. Mais une telle stratégie n'a pu être mise en place sans que les esprits aient été préparés par une lente imprégnation médiatique. L'idée même de réalité a profondément changé sous l'influence de ces émissions qui, depuis Loft Story, en ont fait leur fonds de commerce : le vécu, le quotidien, l'intime paraissent désormais plus vrais que toutes les explications, et ont envahi la vie publique au point que la presse « people » fait aujourd'hui partie du paysage de l'information.