Susanne

En 1985, dans l’atelier de Cremonini aux Beaux-Arts de Paris, une jeune femme peintre en rencontre une autre : Susanne Hay. S’ensuit une longue amitié que la narratrice évoque avec douceur et affection, dessinant les traits de celle qu’une mort prématurée a transformée en icône.

À travers l’amitié des deux jeunes femmes, on découvre à la fois les aspects quotidiens de la vie de Susanne Hay, son évolution personnelle, sentimentale, mais aussi ses préoccupations d’artiste : la solitude considérée comme essentielle à l’acte de création, ses thèmes de prédilection, la rigueur de ses choix...

« Susanne aspirait au primaire et au biologique de l’homme dans sa peinture. Elle aimait les thèmes mythologiques et les martyrs, ce qui reste quand il n’y a plus rien, pas de religion, pas de contexte : l’homme face à sa chair, livré aux besoins de son corps, ou bien face au corps de l’autre. »

Cette stèle offerte à une amitié sacrifiée par la vie développe également les « mémoires » des œuvres réalisées par Susanne Hay et la narratrice, côte à côte. Véritable journal de création extrêmement vivant, animant les tableaux en racontant l’histoire de leurs modèles... En outre, Emmelene Landon donne voix aux personnes ayant entouré la peintre : critiques, modèles, proches... autant de petites touches qui transfigurent le portrait de l’amie en manque irrémédiable :

« Je ne sais pas bien terminer car c’est une histoire sans joie et sa vie qui est terminée, pourtant, j’aurais voulu y apporter de la joie que nous avons vécue. (...) Ce serait tellement simple de dire, voilà, Susanne était fascinée par la mort (mais après comment continuer ce discours de toute façon). Elle était fascinée par la mort dans la vie. (...) Il y a du sens dans la vie de Susanne et il faut bien accepter sa mort pour donner un sens à son œuvre brutalement arrêtée... »