A vue d'oeil : Une aventure de lunettes

Ce livre retrace l'aventure des lunettes depuis les origines jusqu'à nos jours, avec un développement important sur les quarante dernières années, période de foisonnement créatif et même de délire esthétique. En France, les deux vallées voisines (et quelquefois ennemies) d'Oyonnax pour le plastique et de Morez pour le métal, se partagent quasiment d'égal à égal les honneurs des nez d'hier et d'aujourd'hui. Deux vallées bousculées par l'énergie créative des Italiens qui vont comprendre la puissance symbolique des grandes griffes de mode qui déferlent dès les années 60. Si les montures sont la partie la plus « visible » des lunettes, les verres, indispensables pour ne pas laisser la nature se dérober sous nos yeux, ne sont pas oubliés ; ils vont franchir des barrières technologiques jusqu'à devenir « invisibles » : comble d'efficacité ! « Les montures et les verres qui forment les lunettes suivent deux objectifs ‘opposés', souligne Bernard Maitenaz, inventeur du Varilux®, les unes doivent se faire remarquer, les autres doivent se faire oublier... » Une cohabitation heureuse néanmoins qui va s'inscrire dans une formidable aventure industrielle. Instrument familier, banal presque, posé sur des centaines de millions de nez à travers le monde, les lunettes sont entrées dans notre quotidien depuis le XIIIe siècle seulement. Dans la nuit des temps, les hommes ont cherché des appareils optiques pour éclaircir une vue défaillante ; en vain, il faudra longtemps pour que les « lunectes d'yeux » commencent à se hisser sur les visages jusqu'à devenir un objet de consommation courante. Le XIXe siècle industriel verra l'ergonomie des lunettes s'améliorer sensiblement et la qualité des verres s'enrichir pour soulager la « vision courte » (presbytie) et la « vision longue » (myopie). La société de consommation qui démarre après la seconde guerre mondiale va faire entrer les lunettes dans les rythmes de la mode et aider les porteurs à afficher des montures fantaisie et donc de les décomplexer : les « bigleux » ne sont plus moqués. Au contraire, porter des lunettes est (presque) un acte à haute valeur sociale, plus encore pour les lunettes solaires qui se portent en toute occasion... même la nuit pour « se faire voir en si bel équipage » !