Le Ghost Writer

Youcef M.D rêve d’une autre vie. Cette voix brutale, lyrique résonne en nous parce qu’elle est la nôtre et celle de nos semblables, parce qu’elle dit des choses qui ne sont généralement pas très bonnes à dire. Les conséquences désastreuses d’une politique sécuritaire aveugle, le racisme partout, tout le temps, la résurgence d’un islamisme violent.
Elle est la voix d’un personnage de roman né du monde réel, immigré marocain, sans papier, sans identité qui dit « je » pour dire qu’il existe dans Je rêve d’une autre vie (Au diable vauvert, 2002). Il y parle de ses errances, de ses doutes et d’une femme, si différente que sa vie ne suffira pas à vaincre les barrières dressées entre eux.
Toute une vie pour l’aimer (l’Aube, 2003) poursuit ce dessein. Youcef M.D y est « un homme essoufflé », pris au piège, capable cependant de conserver ce feu intérieur qui, tout en le maintenant en vie, le brûle et le consume.
Dans Ghost Writer, le troisième et dernier volet de la vie de Youcef, est raconté le retour forcé au Maroc, ce pays dans lequel il est né, mais qu’il ne reconnaît pas et qui, insensiblement lui fera toujours sentir qu’il n’est plus un des siens.
L’auteur replonge au coeur de ses racines. Sa famille, son père surtout, représente tout ce qu’il renie de ses origines, un Islam hypocrite et intransigeant, la violence envers les femmes réduites à un esclavage consenti par tous. Il parvient comme de coutume à se frayer un chemin dans cet environnement qu’il juge hostile et profondément inégalitaire. Il dit la difficulté d’être nulle part à sa place, d’être arabe et français, d’être "un gars de la rue" qui écrit.