Salut, salut Marxus

Auteur : Gwenaëlle Stubbe
Editeur : Editions Al Dante

Gwenaëlle Stubbe invente de curieux assemblages de mots, de détails familiers pour pointer des poses, des gestes presque quotidiens et étrangement bizarres. Son écriture possède la saveur troublante d’un réalisme onirique ; les faits et gestes les plus anodins laissent apparaître des éclats mis au jour par le patient travail de décortication de l’écriture.

À travers ses étranges personnages (l’homme-gouttière, l’homme en plusieurs parties…), ses aphorismes (Quand les toutes premières heures du week-end commencent sur une chaise, en général elles terminent très difficilement ailleurs que sur cette chaise), ses points de vue sur l’espèce humaine (Si Dieu nous avait créés avec justesse, il nous aurait réduits en groins), Gwenaëlle Stubbe concentre son attention sur des fissures habituellement tues ou camouflées, et pointe en quelques mots bizarreries et signes particuliers. À sa façon, l'écrivain fait s’épanouir sur la page ces « gestes intérieurs, ceux pour lesquels nous n’avons pas de membres, mais des envies de membres [Henri Michaux] ». Un univers neuf éclôt sous les yeux du lecteur, éclats disparates qui se réagrègent sous le pouvoir d’une écriture concentrée, attentive à d’infimes mouvements, d’invisibles agencements de regards, de mimiques… et de mots pour les décrire. De cette minutieuse réinvention d'un « quotidien » naît un texte dont la fantaisie débridée est néanmoins circonscrite par une rigoureuse maîtrise du langage et une subtile économie de moyens : sentences humoristiques, aphorismes légers mettent en évidence une logique dont l’absurdité apparente agit comme le révélateur de cohérences autres – latentes.
«On se demande où elle va. Avec ses mots en loques, ses pansements d'un instant […].

On se demande d'où il vient, où il va, ce verbe d'en bas, d'en dedans [...] Cette écriture boite du langage. Elle se jette, tordue ou oblique, dans le goulet du Sens, où lui est promise la révélation, promesse tenue… On croit qu'elle boite, mais en somme elle danse [...]. Gwenaëlle Stubbe a le mérite de féconder les petites monstruosités mobiles, fuyantes, invisibles à l'œil éduqué, qui constituent son identité d'avant la Logique, et qui sont la mémoire de ses premières blessures comme de ses premières révoltes. Elle les fait phosphorer comme chocs et flamboyer comme élans. Mais elle sait aussi les rendre, au détour d'une abracadabrance qui ressemble à une pitié, ou d'une violence qui ressemble à de l'humour, à leur humanité perdue. On reparlera, je crois, de cette pythonisse de l'absurde. [Marcel Moreau, préface à Un serpent de fumée de Gwenaëlle Stubbe.] »

15,00 €
Parution : Février 2008
Format: Poche
ISBN : 978-2-8476-1102-1
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