Le Témoin du mensonge

Savant spécialiste des coléoptères, Tristan Martens, professeur d'université à la retraite, retrouve, dans un luxueux magasin d'antiquités new-yorkais, la table à ouvrage de sa mère. Dr Martens a émigré tout jeune de Hollande peu après la Seconde Guerre mondiale et la dernière fois qu'il a vu la travailleuse, elle passait par la fenêtre de l'appartement de ses parents à Rotterdam, propulsée par une foule haineuse. C'était la Libération. Elle porte une inscription qui lui confirme ce qu'il préférerait ne pas voir confirmer : que sa mémoire ne lui joue pas des tours. Cette inscription, "Après les Juifs, notre tour viendra", justifie pour l'élégante antiquaire, Cora Lowenstein, entourée de meubles XVIIIe, que l'anodine boîte sur pattes en vulgaire bois teinté figure à la place d'honneur dans son magasin. Or le professeur est le seul à savoir que l'interprétation qu'en donne Mrs Lowenstein est totalement erronée. Le roman retrace son parc ours jusqu'à l'aveu, jusqu'à la nécessaire explication de texte qui contredira l'aveuglée et aveuglante version officielle, politiquement correcte. Cet aveu douloureux et honteux est compliqué par l'attrait croissant que le collectionneur de scarabées va ressentir pour la délicate Cora dont la vie n'est pas non plus exempte d'ombres.

Ce livre, dont l'écriture raffinée n'est pas le moindre charme, est ce qu'on appelle dans le monde anglo-saxon (où il a obtenu un succès à la fois critique et littéraire considérable) un "page-turner". Impossible de le poser une fois entamé... Poignant, drôle, cruel et passionnant comme un polar, il est de ces livres qui ne cesse de vous hanter bien après qu'on l'a refermé.

Comme plusieurs succès récents de librairie, tels les livres de Kressmann Taylor ou Michel Quint, Le Témoin du mensonge relève d’une littérature qui se penche sur un passé sombre datant de la Seconde Guerre mondiale, fait de secrets avec lesquels il faut survivre, et puis vivre.