Histoire des philosophies matérialistes

Pourquoi faire l’histoire des philosophies matérialistes ? Jusqu’à présent, il n’existe pas d’histoire complète et synthétique de ce courant de pensée, alors qu’il a joué un rôle fondamental dans la vie scientifique et culturelle du monde occidental. La seule édition de référence sur ce sujet demeure un ouvrage écrit par F.A. Lange au 19e siècle, aujourd’hui devenu largement lacunaire.

Le matérialisme est l’un des courants philosophiques qui a suscité le plus de controverses. Cet ouvrage se propose donc de montrer clairement le contenu réel de ses concepts, d’en fournir une définition nouvelle et de le relier à ses racines historiques et sociales. Dans chaque période, il est au cœur d’enjeux idéologiques de premier plan, parce qu’il est à l’intersection des progrès de la connaissance et des préoccupations métaphysiques.

Cette histoire se présente comme le panorama d’un champ conceptuel en constante agitation, uni par l’idée que les mythes et le sacré ne sont pas les seuls horizons pour penser la place de l’homme dans l’univers. Elle montre que les philosophes et leurs textes communiquent entre eux par-delà les époques. D’Epicure aux matérialistes contemporains anticréationnistes en passant par Marx, une même exigence émancipatrice traverse l’œuvre de ces penseurs. Il s’agit de la restituer tout en indiquant où passent les lignes de fracture.

L’enseignement de l’histoire des idées en France, à l’université ou dans le secondaire, néglige cet héritage intellectuel, en le confinant à un cercle restreint de spécialistes. Cet ouvrage voudrait indiquer que les interrogations soulevées par le matérialisme s’adressent à tous. Il est en effet indispensable que cette philosophie soit mieux représentée dans les programmes et les manuels, qui semblent oublier qu’une part importante de la population n’utilise pas la transcendance pour donner un sens au monde. L’histoire du matérialisme est également incontournable pour saisir les enjeux du travail des sciences de notre temps. En dévoilant comment les savoirs d’aujourd’hui sont les fruits de luttes contre des traditions conservatrices, elle invite à ne verser ni dans un positivisme naïf, ni dans une défiance figée à l’égard des résultats scientifiques.

Cet ouvrage n’a pas d’équivalent en français et sera donc la seule référence disponible quant à une histoire chronologique et conceptuelle du matérialisme.