L'art de l'autoportrait : Histoire et théorie d'un genre pictural

Auteur : Omar Calabrese
Editeur : Citadelles et Mazenod

Leurs visages nous sont familiers : que ce soit Dürer, Rembrandt, Van Gogh ou Munch, ces peintres se sont en effet représentés de façon obsessionnelle. En revanche, quel visage avaient Giotto, Bosch, Botticelli, Titien, le Greco, Velázquez, Hogarth, Manet, Lichtenstein, etc.?Cet ouvrage est d'abord un défilé de portraits d'artistes célèbres ; il nous permet de découvrir le physique de ces personnages dont nous connaissons surtout les oeuvres. Mais Omar Calabrese nous conte avant tout une histoire longue et séduisante : celle de l'autoportrait. Il observe et analyse les concepts qui ont évolué au fil du temps, modifiant la perception du peintre par le public, et sa propre approche de lui-même. Si son récit évoque l'Antiquité, il débute réellement à la Renaissance, période où la personne de l'artiste commence à être reconnue. Jusque-là, il n'avait eu qu'un statut d'artisan et n'était pas digne de se portraiturer : au Moyen Âge, certains scribes avaient seulement osé placer leur visage dans la première lettrine d'un manuscrit ! À la Renaissance, la pratique de l'autoportrait est timide : les artistes se glissent dans les foules ou se représentent en héros mythologiques. Ensuite, ils s'enhardissent en se campant comme les aristocrates, les autorités religieuses ou les riches marchands. Le code de l'autoportrait est dorénavant fixé et variera selon les idées et les goûts de chaque époque. Dans la première partie du Cinquecento, par exemple, l'artiste ne se montre pas devant son chevalet pinceaux en main : il veut prouver qu'il est intellectuel. Plus tard, il se présente en train de peindre, fier de ses capacités techniques. Dans cette seconde moitié du siècle, les femmes commencent à produire des autoportraits. Elles ne sont pas reconnues en tant qu'artistes et outrepassent leurs droits en peignant un portrait, le leur ! Comme il leur est impossible de prendre des modèles, elles se servent de leur propre image. Au XVIIe siècle naît l'expression des sentiments avec l'autoportrait psychologique, qui deviendra typique au XIXe siècle avec le Romantisme. Et toujours au XVIIe siècle apparaît la figure de l'artiste «maudit» qui trouve son apogée avec le Caravage. Quant au siècle des Lumières, où le culte de la beauté et de la jeunesse irradie, il a conduit Élisabeth Vigée-Lebrun à se rajeunir dans ses autoportraits et à ne présenter ses enfants que tardivement ! Omar Calabrese pose et répond à de nombreuses questions, comme, par exemple : comment se représenter, en regardant le spectateur ou de profil? Se portraiturer en tableau signifie-t-il qu'on est digne de laisser un souvenir de soi?... Ainsi l'histoire de l'autoportrait manifeste la complexité extrême de la réflexion des artistes sur l'art. Cette étude passionnante d'Omar Calabrese, dont le plan a été inspiré par un article fondamental d'André Chastel, est illustrée par 350 oeuvres magnifiques et significatives ; c'est une avancée dans l'histoire complexe de l'autoportrait, cette représentation de soi-même si ambiguë et tellement révélatrice...

189,00 €
Parution : Mars 2006
390 pages
ISBN : 978-2-8508-8117-6