L'Homme sans postérité
Le plus déroutant peut-être de tous les romans de Stifter, qui fut lui-même la figure la plus singulière, la plus énigmatique du post-romantisme allemand.Un adolescent rend visite à son oncle, un vieux célibataire endurci qui vit cloîtré dans un étrange domaine : sur une île au milieu d'un lac perdu dans les montagnes. L'oncle parle peu, n'a pas l'air commode. À la fin du séjour, et sans que rien entre eux soit clairement formulé, il aura légué à son jeune hôte son bien le plus précieux : l'esprit de solitude.Tout en feignant de n'évoquer que la vie la plus ordinaire, Stifter nous convie sans en avoir l'air à écouter entre les mots la voix de la différence, de l'infrangible singularité des êtres : voix du désir éperdu d'" être soi " envers et contre tout - c'est-à-dire envers et contre la société des hommes. Dès lors s'explique-t-on l'admiration qu'un Nietzsche à pu porter à cette oeuvre.