Freres Humains

Dans Ceux d'Aulus, Jean-Pierre Gaubert retraçait l'aventure d'un groupe de dix-huit jeunes gens, qui, une nuit de 1943, partant chercher la liberté en Espagne, furent interceptés par une patrouille allemande dans les Pyrénées ariégeoises. Certains s'échappèrent et rejoindront plus tard la France Libre, d'autres malheureusement furent capturés et déportés. Il eut ensuite connaissance de l'histoire des frères Pierre et Edouard Inchauspé. Edouard avait été fait prisonnier en 1940 et libéré en 1945. Résistant, Pierre avait été arrêté en 1943 et déporté à Buchenwald. Buchenwald, le lien avec les déportés de Ceux d'Aulus était fait : le pasteur Aimé Boniface se trouvait dans le même convoi que Pierre Inchauspé - celui des 20 000 -, Jean Rieg aurait pu le rencontrer à Dora où ils souffrirent ensemble, et Pierre a peut-être été témoin, dans l'enfer de Laura, de la "mort" de Maurice Bernadot. Une suite logique à Ceux d'Aulus s'imposait, et Jean-Pierre Gaubert, en bon enquêteur, reprit alors son recueil de témoignages sur la déportation. Cependant Frères Humains n'est pas seulement la saga du déporté Pierre Inchauspé. La trame de cet ouvrage est l'échange de colis entre les deux frères qui confère toute son originalité au récit, et qui nous permet de découvrir leurs vies parallèles : Edouard prisonnier en Silésie, Pierre dans un camp de concentration, chacun vivant des situations différentes, liées cependant par la place prépondérante qu'occupaient le dénuement, l'angoisse, la solitude et la mort. Ainsi, cette étape de leur vie sert aussi et surtout, de support à de nombreuses anecdotes racontées par d'autres protagonistes, déportés ou prisonniers. On retrouve là le chroniqueur Jean-Pierre Gaubert, qui a si bien su, autour des frères Inchauspé, élargir son sujet et faire revivre ces deux catégories de "détenus", dont le trait commun était bien d'être des Frères Humains.