Louis Joxe, diplomate dans l'âme

Editeur : ANDRE VERSAILLE

Louis Joxe (1901-1991) est un de ces grands serviteurs de l’État dont l’action est à la fois modeste et irremplaçable. Son nom reste attaché aux Accords d’Évian qu’il a négociés au nom du général de Gaulle et signés le 18 mars 1962.
Sa vie pourrait être un roman si l’on ne prenait pas en compte le côté exemplaire de la réussite de la formation offerte par l’école républicaine.
Issu d’une famille modeste, son père s’est hissé au sommet de la hiérarchie de l’Instruction publique. Lui-même, après avoir suivi un cursus traditionnel, se destine à l’enseignement de l’histoire après son agrégation. Entré par son mariage dans la grande famille parisienne des Halévy, il devient proche de la journaliste Louise Weiss dans les années 1920 et du ministre radical Pierre Cot dans les années 1930. Il rencontre son troisième mentor, de Gaulle, à la faveur de la guerre, à Alger, en 1943 ; Joxe devient ensuite le secrétaire général du GPRF.
Sous la IVe République, il mène une carrière de diplomate : à la nouvelle direction des Relations culturelles ; à Moscou, où il est le seul ambassadeur occidental à être reçu par Staline en 1952 ; au plus haut poste du Quai d’Orsay, comme secrétaire général, entre 1956, au moment de la crise de Suez, et le retour du Général aux affaires en 1958.
En 1960, de Gaulle lui confie la plus difficile mission qui soit : celle de négocier la fin des “événements d’Algérie”. Ministre d’État chargé des affaires algériennes, Joxe s’acquitte de cette tâche à haut risque avec efficacité et le plus grand dévouement.
Son attachement à la personne du général de Gaulle et son gaullisme passionnel lui donnent une place à part dans la famille gaulliste. Plusieurs fois ministre par la suite, député UDR, membre du Conseil constitutionnel, Louis Joxe n’a cessé de servir l’État tout en gardant des allures de dilettante féru de littérature et de musique.