Les armes miraculeuses d'Aimé Césaire

Les Armes miraculeuses est le livre d'un Orphée noir, nègre et surréaliste ; c'est d'abord et surtout un monument de poésie, qui invente sa langue en 1946. On rappelle ici ce que furent les années de composition d'une oeuvre qui se veut attentive aux carrefours et s'inscrit parmi les plus fortes de l'immédiat après guerre. La reconnaissance immédiate - Breton, Péret, Sartre, Leiris et quelques autres - doit se situer aussi en regard des enjeux d'écriture qui furent ceux de Césaire : traverser et déplacer les genres poétiques, chercher après Rimbaud une formule pour un lieu, par la pratique d'un rythme aux résonances nouvelles, l'invention d'un sens frappé par la répétition et le soulèvement des images. De la subversion sexuelle au mécanisme aigu de l'humour, de la tragédie historique à la jouissance des mots, Césaire engage dans ce combat une éthique responsable qui ne se dérobe pas plus à la violence des temps qu'à la revendication du poétique.