Captif des Tatars

Auteur : Johannès Schiltberger
Editeur : Anacharsis

Parce qu’il a été capturé lors de la terrible bataille de Nicopolis en 1394, qui vit la fine fleur de la chevalerie occidentale – de Bourgogne et de Hongrie – anéantie par les armées du sultan ottoman Bayezit “ La Foudre ”, Johannes Schiltberger, jeune homme d’arme bavarois, s’est retrouvé propulsé dans les plaines d’Asie centrale en plein chaos. Enrôlé de force dans l’armée de Bayezit, il participe quelques années plus tard, en 1402, à la bataille d’Ankara, qui voit déferler les hordes du fameux Tamerlan sur la Perse et ébranler l’Empire ottoman naissant. Schiltberger, encore une fois fait prisonnier, est à nouveau astreint à servir comme soldat, et rejoint l’armée de Tamerlan… Ce n’est qu’en 1427 qu’il retournera en terre chrétienne, après avoir été balloté d’une troupe à l’autre au gré des guerres interminables que se livrent les princes turcs et mongols sur les lambeaux d’immenses empires, naissants ou périssants entre l’Égée et l’Indus, au long de la Route de la Soie.

Si le Livre des Merveilles de Marco Polo – à qui Schiltberger a quelques fois été comparé – nous donne à lire un récit d’une élégante facture littéraire, Schiltberger, lui, rapporte au plus prêt ce qu’il a vu et glané auprès de ceux qu’il côtoyait : soldats et gens du peuple. C’est donc d’un style direct et tout de sobriété qu’il rapporte les événements auxquels il a pris part. Pas de vision en surplomb chez lui, mais en revanche le propos d’un homme simple, attentif à livrer une expérience propre, un témoignage personnel sur les batailles traversées, ou les merveilles qu’on lui a rapportées – les combats de serpents en Colchide, ou la lutte à mort entre un dragon et une licorne – et, bien entendu, les mœurs et coutumes religieuses des peuples rencontrés.

Captif des Tatars n’est pas seulement un récit de voyage, ni un récit de captivité, non plus qu’une chronique ou un rapport ethnographique : c’est le compte-rendu sobre et en quelque sorte stupéfait d’un homme qui a vécu “ d’en bas ” les grands bouleversements qui ébranlaient l’Asie à cette époque. De retour dans sa Bavière natale, il publie son livre, qui connaît un rapide succès : c’est qu’ici, dans les paroles pourtant toutes droites de Schiltberger, éclôt la terrible vision de l’immense Asie, peuplée de foules éclectiques et belliqueuses, où des princes sanguinaires exterminent leurs fratries, enterrent vivantes des populations entières et sèment sur leur passage des pyramides de crânes humains. Le fantasme horrifique d’un monde d’une violence inouïe, qui fera long feu, trouve ici l’une de ses premières expressions.

Captif des Tatars n’avait jamais été traduit en français.

16,00 €
Parution : Janvier 2008
194 pages
ISBN : 978-2-9147-7729-2
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