Helena ou la mer en été

Auteur : Julian Ayesta
Editeur : Les Allusifs Editions

Et nous marchâmes ensemble, remplis d'amour, vers les grands pays de l'Après-midi.
Un homme se tourne vers son passé, vers sa ville natale des Asturies, sur le golfe de Gascogne, et il retrouve la mélancolie d'un monde où l'insouciance s'alliait volontiers aux mystères fascinants du royaume des adultes, où les rues du matin se remplissaient de l'odeur des algues de la mer, où la vie était une douce et chaude respiration du soleil. Dans le même souffle toute une Espagne renaît par enchantement, et avec elle l'enfance d'un homme qui n'a rien oublié de la suavité des parfums de cette ancienne vie peuplée de personnages truculents — les tantes jacasseuses et les oncles buveurs de cidre, les curés à l'odeur de savon doux, les cousins étourdissants de Madrid, et les cousines aussi, « qui sont des sottes, sauf Helena ».
Mais Helena est aussi une échappée de ciel par où s'insinuent les angoisses de l'enfant qui se métamorphose, dont la peur du péché — qui équivaut à couronner Dieu d'épines une fois encore —, pour ainsi dire la peur éternelle de la mort, cette « grande solitude pareille à un énorme vide amer », semblable à la frayeur de nager seul dans l'océan obscurci. Dans ce monde-là, on ne s'explique pas pourquoi Dieu a créé la mer et les étoiles ni pourquoi les enfants d'Adam et Eve se sont mariés entre frères et soeurs ; et l'on s'effraie des vertigineuses mises en abyme d'univers gigognes où les atomes d'un cosmos sont les systèmes planétaires d'un autre monde infinitésimal. Ainsi, dans ce monde, c'est en pleurant d'émotion qu'on accueille le mystère de la grâce et de la miséricorde, mais aussi les arcanes du désir naissant et de la sensualité.
Sensible aux plus subtils frémissements de l'air, attentif aux murmures et aux couleurs des choses vivantes, aux paysages, à la beauté, et à la délicatesse des sentiments, le narrateur nous emmène par les bois mythiques jusqu'à la mer troublante, où se confondent l'innocence et la conscience, à l'orée des grands rites initiatiques. Et soudain les âmes soeurs échangent leurs sangs dans des rituels immémoriaux, « comme une espèce de péché », sous une « lumière de terreur mystérieuse descendant d'un ciel énorme et solitaire », mais c'est l'amour qui descend ainsi sur ce monde révolu où il suffisait de prendre doucement la main de sa cousine pour mourir de plénitude.

12,20 €
Parution : Août 2004
83 pages
ISBN : 978-2-9228-6824-1