La brûlure

Auteur : Christophe Bataille
Editeur : Grasset
Sélection Rue des Livres

« Tu te souviens ? Cet été-là si chaud, on le sentait à nos pieds sur les carreaux devant la prairie, à tes jambes campées, fines et transpirantes. Depuis octobre tout était doux. Pas d’automne, pas d’hiver, et ce vent tiède comme dans les contes… »
En cette fin d’été, un homme grimpe à trente mètres, dans un hêtre qui domine la campagne. Il est élagueur, puissant et concentré. Là-haut, il observe les plaines, la tour de la cathédrale, son enfance aussi.
Mais un ennemi l’attend, qu’il n’avait jamais rencontré : des frelons par milliers, nouveaux venus en cette saison interminable. Dans sa descente vers la terre où l’attend son équipe, terrifiée, il est piqué plus de cent fois et tombe dans la douleur…
La brûlure est le roman de cette chute et de cette traversée, racontées tour à tour par l’homme et la femme – rencontrée vingt ans avant, qui le soigne, l’attend, et ne cesse de l’aimer en images, souvenirs et gestes.
Dans une langue somptueuse et tendre, Christophe Bataille dit la souffrance et le retour à la vie. C’est un conte mais aussi notre condition nouvelle : les prairies et les arbres sont brûlés par le soleil, la femme aimée contemple comme nous ce paysage. La voix du grimpeur d’arbre, qui a survécu et vit près de Bourges, clôt magnifiquement ce livre – car toute fiction a sa cause, offrant ici un diptyque audacieux.

16,00 €
Parution : Janvier 2021
160 pages
ISBN : 978-2-2468-2021-5
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Extrait

Notre chambre ouverte est le cadre, et dans ce cadre, les années.
Tu te souviens ? Cet été-là si chaud, on le sentait à nos pieds sur les carreaux devant la prairie, à tes jambes campées, fines et transpirantes, à nos mains où jouaient les veines.
Depuis octobre tout était doux, hésitant. Pas d’automne, pas d’hiver. Et ce vent tiède comme dans les contes.
L’été n’a pas cessé. On cherchait les mots, on ne savait plus comment dire. Parfois l’événement nous étreint comme une idée. Était-ce une longue saison ? Était-ce le climat ? Ou était-ce notre fin douloureuse ?
La chaleur a tout pris. La plaine irritée. Le lacis des fosses oubliées par nos parents, où se réfugiait la faune. Les chemins de poudre. La route du soir.
C’était hier ? C’est demain. Parfois l’événement est tel qu’il cherche à se fixer. Ce n’est pas encore un nom, c’est une image.
Tout tremblait dès l’aube, pâli comme du fer. L’enclume c’était moi, c’était toi, les yeux fixant la campagne. Je te vois ce matin d’hiver, enroulée dans les draps et me glissant : regarde, mais regarde, tout est encore brûlé… Tu crois qu’on reverra la neige ?
J’écoutais avec toi les champs de tiges et les pétales au vent. Ainsi l’événement a des courbes et un son, comme si le temps était venu d’observer une seule image.

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