Tout l'or du ciel

Auteur : Susan Madison
Editeur : Pocket

Récemment installée dans une petite ville du Vermont, Melissa, charmante veuve de quarante-six ans, coule une existence tranquille, entre lacs et montagnes. Elle a ouvert une galerie d'art qui la captive et la comble de joie. Cependant, lorsqu'elle fait la connaissance de Lisa, jeune femme pétillante bientôt mère pour la première fois, les souffrances qu'elle a essayé d'enfouir au plus profond d'elle-même refont surface. Et le souvenir de cet enfant qu'elle n'avait pas pu garder la hante de nouveau. Accaparée par l'exposition d'un artiste qu'elle a connu dans sa jeunesse, Melissa tente d'apprivoiser ses drames intimes. Le chemin du bonheur semble bien loin encore...

7,90 €
Parution : Juillet 2007
Format: Poche
497 pages
ISBN : 978-2-2661-5535-9
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Extrait

Extrait du prologue :

J'attends le grand amour... écrivit Melissa Hart sur la page un de son journal intime. C'était le premier janvier de l'année de ses quinze ans.
Relié en cuir et doré sur tranche, le volume de parchemin ivoire était son cadeau de Noël. Un présent de grande valeur : nul besoin d'être spécia­liste en papeterie de luxe pour voir que sa grand-mère ne s'était pas moquée d'elle. La petite merveille qu'elle tenait entre ses mains était d'une qualité exceptionnelle. Naturellement, à cette époque, Melissa n'appréciait peut-être pas à sa juste valeur le raffinement du papier marbré décoré à la cuve. Cependant, ce présent revêtait pour elle une signification particulière. Mais laquelle ? Avec application, elle tourna et retourna la question dans sa tête.
Je voudrais tant être aimée... Voilà ce qu'elle avait envie d'écrire - mais l'idée que son père puisse ouvrir ce cahier et tomber sur une telle confidence la paralysait. Finalement - et tant pis si elle se sentait à la fois solennelle et prétentieuse -, Melissa rejeta en arrière ses cheveux blond cendré et se pencha sur la page pour calligraphier avec soin : J'attends l'amour avec un grand A. L'amour de ma vie, l'amour qui durera toujours.
Oh, elle ne s'imaginait pas qu'un beau jour son prince charmant paraîtrait sur le seuil de sa chambre de jeune fille, une pantoufle de vair à la main. Il ne franchirait pas non plus la barrière de ronces de son «bois dormant» pour affronter le dragon paternel et venir la réveiller d'un baiser. Mais, tandis que la voix cassante de son père montait du rez-de-chaussée, contrastant avec les intonations soumises de sa mère, Melissa éprouva la conviction, mieux : l'absolue certitude qu'il lui serait donné, à elle, de vivre un conte de fées.
Oui, quelque chose de magique, quelque part, lui était réservé. Ailleurs qu'ici. Cet endroit n'était pas la maison du bonheur. Dès son plus jeune âge, elle avait deviné des zones d'ombre dans le couple que formaient ses parents.
«Dis, papa...
- Quoi encore ?»
Il avait levé le nez de son journal et elle s'enten­dait encore lui poser, du haut de ses quatre ans, toute pâle et tremblante, la question qui lui brûlait les lèvres :
«Est-ce que tu m'aimes ?»
Son père avait fixé sans l'ombre d'un sourire la menotte abandonnée sur son genou. Il avait pris le temps de vider son verre avant de lui rendre son regard, et la réponse - le verdict - était tombée, si froide qu'elle ne l'avait jamais oubliée : «Si tu crois que je n'ai que ça à faire !» Sa mère avait laissé échapper un cri de reproche ; ses joues avaient rougi brusquement.
«David ! Comment peux-tu être si cruel ?» Et elle avait pris Melissa dans ses bras, caressant d'une main ses longs cheveux blonds. «Maman t'aime, mon coeur.» Mais c'était l'amour de son papa que désirait la petite fille.

Des années plus tard, alors qu'elle voyageait en Europe après avoir décroché son diplôme des beaux-arts, Melissa en était encore à se demander à quoi pouvait ressembler l'amour véritable. Elle en avait bien un aperçu de temps à autre... ici, à la terrasse ensoleillée d'un café parisien ; là, sur une plage portugaise baignée par le clair de lune ; à Venise, près du pont des Soupirs ; ou encore près d'une des fontaines de la Ville éternelle... À dire vrai, ce n'étaient que des images de couples on ne peut plus banales, mais ces visions fugitives pétil­laient dans son imagination romantique comme une gorgée de Champagne dérobée au verre d'une autre...
Après de brillantes études, Melissa avait décroché un emploi dans une prestigieuse galerie new-yorkaise. Elle avait découvert assez tôt qu'elle préférait exposer les tableaux des autres plutôt que de les peindre elle-même. Tant qu'on n'y touche pas de trop près, l'art peut vous remuer l'âme sans causer de dommages irréparables.

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